C’est une critique un peu particulière que je propose aujourd’hui : je publie en effet l’article de presse que j’avais rédigé dans le cadre d’un devoir de français en classe de seconde. Le but était de présenter l’œuvre et d’inciter les potentiels lecteurs à en poursuivre la lecture. Le premier tome de la forêt des Mythagos est l’un des rares livres que j’ai relus ; je l’affectionne donc particulièrement. Je publie ci-dessous l’intégralité de l’article rédigé à l’époque, sans modification (le dernier opus, Avilion, n'était pas encore sorti).
Promenons-nous dans les bois ... quand les mythagos n’y sont pas !
En 1984, Robert Holdstock écrivait La forêt des Mythagos, un livre fantastique mêlant à la fois une aventure magique et une histoire d’amour ; il faisait de ce récit une œuvre unique en son genre dont il serait dommage de se passer.
Il est mort, Steve. Il a disparu de cette pièce, il n’est plus dans la
maison. Il n’y a plus aucune raison d’avoir peur.
Pourquoi Christian parle-t-il ainsi de son défunt père ? Que se passe-t-il donc dans la maison des Huxley ? Telles sont les questions que le lecteur se pose dès le début du livre.
C’est dans les bois sombres et mystérieux de la forêt de Rhyope, située en Angleterre, que l’imagination peut devenir réalité. Du moins c’est ce que R. Holdstock cherche à nous faire croire dans son livre, inclassable et qui pourtant devrait figurer sur toutes les étagères de bibliothèque au rayon fantastique.
[Une histoire mystérieuse]
La forêt des Mythagos nous plonge dans l’histoire de Steven Huxley, un jeune homme qui, à la mort de son père, décide de revenir dans la maison familiale où vit son frère Christian. Celui-ci a repris les recherches de son père qui affirmait de son vivant que l’inconscient collectif des hommes permettait d’amener à la vie des créatures imaginaires anciennes, les mythagos, au fin fond de ces bois dans lesquels Christian disparaît régulièrement. Steven commence alors lui aussi à voir ces étranges mythagos et se met à aimer l’une de ces créatures, Guiwenneth, princesse celte déjà aimée auparavant par son frère. Or un jour, Christian disparaît une année durant dans les bois et lorsqu’il revient, blesse son frère et enlève la jeune fille. Steven décide alors de la retrouver.
Mais le jeune homme aura-t-il assez de force et de courage pour affronter la forêt aux Mythagos ?
Et qui est réellement Harry Keeton, ce mystérieux aviateur qui insiste pour accompagner Steven dans sa quête ?
[Un style unique]
R. Holdstock cultive l’art du mystère et de nombreuses questions se bousculent sans cesse dans la tête du lecteur. Tout au long de sa lecture, il sera confronté à des sous-entendus, des indices donnés ici et là, des insinuations qui sèment le doute en permanence et font qu’il accompagne les personnages tout au long de l’histoire. Il parcourt ainsi rapidement les 450 pages de ce livre, entraîné par une envie insatiable d’en connaître la fin. D’autant plus que l’imagination fructueuse de l’auteur permet au lecteur de se représenter aisément les divers endroits découverts par Steven et Harry, grâce aux nombreux détails très précis.
Ce qui frappe avant tout dans La forêt des Mythagos, c’est l’univers fantastique mis en avant par l’écrivain. Au fur et à mesure que l’histoire évolue, le héros rencontre des créatures particulières, entend des contes racontés de génération en génération par les membres des tribus habitants la forêt. Le livre contient de nombreuses hypothèses scientifiques écrites par le père de Steven pour tenter d’expliquer les phénomènes étranges qui se produisent dans la forêt de Rhyope et offre ainsi un contraste intéressant avec le domaine du fantastique qui généralement ne fournit pas d’explications. Seulement celles-ci sont parfois un peu difficiles à comprendre :
Il est vraisemblable que mes scrupules humains, mes inquiétudes,
constituent une barrière efficace entre les deux flux mythopoïétiques
de mon cortex, la forme venant du cerveau droit et la réalité émanant
du gauche.
[Un mélange d’amour et d’aventure]
L’histoire contient elle-même des récits oubliés par les gens d’aujourd’hui mais bien rappelés par des mythagos racontant eux-mêmes leur propre histoire. Cependant, si ce livre fantastique est agrémenté d’une histoire amour, il ne faut pas s’attendre à un conte de fée. L’atmosphère est parfois étouffante et le lecteur a donc l’impression d’être lui-même épié à travers les bois. Bien qu’il n’y ait pas de monstres terrifiants comme les gobelins ou les orcs dans Le Seigneur des Anneaux, le héros, Steven, devra faire face à l’Urscumug, effroyable mythago à forme de sanglier humain, généré autrefois par son propre père.
Nous savons tous que les contes se terminent parfois tristement et on pourrait s’attendre à ce que certains personnages, certaines créatures ou mythagos, certains esprits même disparaissent de façon tragique. Mais qu’en sera-t-il réellement ? Les dernières pages ne lèvent pas le voile sur tous les mystères. La lecture des volumes suivants (Lavondyss, Le passe-brousaille, La porte d’ivoire) s’impose donc logiquement et reste une source d’informations incroyables sur l’univers de Robert Holdstock.
A ne manquer sous aucun prétexte, d’autant que ce sont là les dernières œuvres de ce maître de la fantaisie contemporaine, disparu récemment …