De Lucia Puenzo, cinéaste, on a pu apprécier la sensibilité, la sensualité et une certaine maîtrise de l'ambigüité de l'état d'adolescence. Autant d'aspects que l'on retrouve, à un degré moindre, dans La fureur de la langouste, son dernier roman traduit en français. Le livre renvoie à une époque particulière de l'histoire argentine, celle des années Menem, pendant lesquelles le pseudo miracle économique du pays profita aux plus riches, avant que la crise ne frappe la nation de plein fouet. La toile de fond du roman est réaliste, chronique d'une famille très aisée d'Argentine, à la veille du déclin, tant elle est devenue une cible, les rumeurs de corruption s'amplifiant. Le héros de La fureur de la langouste, le très puissant Razzani, est dans l'ombre, il n'est décrit par Lucia Puenzo qu'à travers les yeux de son fils, Tino, 11 ans, tiraillé entre l'adoration pour son père et l'image détestable que lui renvoie l'extérieur. Le roman est complexe, tissé de toutes les relations qu'entretient Tino avec les autres membres de la famille, les gardes du corps, omniprésents, sa jeune amie/ennemie Maia, etc. Ecrit en creux, avec une certaine froideur, le livre est intéressant sans pour autant passionner. Un travail d'entomologiste qui ne décolle jamais réellement.