Assurément, c'est charmant, chantant, assaisonné de lumière et d'une pointe nostalgique comme un soupçon de thym dans un rôti, qui ne dévoile son goût qu'au hasard d'un lâcher-prise. Des images restent, de ravines où l'on se perd et de glorioles familiales.
Mais tout cela... comment dire... laisse trop voir, oui, la patte du faiseur. La magie brute de l'enfance n'est pas présente. Cela sent le reconstruit et le talent du metteur en scène. Je ne retrouve rien des biographies créoles (pas encore critiquées ici) d'un Confiant, (Ravines du devant-jour !) ou d'un Chamoiseau, par exemple, et moins encore des "Enfances" de Sarraute.
Bref, c'est de l'enfance avec des yeux d'adultes, d'une fraîcheur trop apprêtée pour paraître honnête - la question de l'honnêteté dans la biographie se compliquant de toute façon singulièrement dès lors qu'il s'agit de souvenirs d'enfance.
L'humour et l'ironie légère sont souvent délicieux. Mais l'apprêt de l'ensemble ne me permet pas d'être touché comme j'aurais pu l'être. J'hésite encore à poursuivre dans la relecture la tétralogie - aussi vite ces petits volumes se parcourraient-ils.