Quelle délectable madeleine de Proust que cette "Gloire de mon père" ! Non pas qu'il s'agisse d'une relecture mais, enfant, j'ai vu et revu les films réalisés par Yves Robert, et de plus, c'est un roman qui place l'enfance au centre de tout, dans chaque phrase comme dans chaque pensée.
Récit hautement autobiographique narré avec la sincérité et la fraîcheur d'un homme qui sait d'où il vient et ce qu'il doit à ses parents et aïeux, "La Gloire de mon père" est un concentré d'amour, d'hommage, d'initiation, de fraternité, de bêtises, de drôlerie, de farce et de foi en l'être aimé.
C'est de plus une hymne éclatante à la vie, un cantique d'amour clamé au vent du mistral pour la Provence, la terre natale, le sol aride aux racines dures à se ficher mais douées pour la survie. Impossible de ne pas entendre chanter les cigales, impossible de ne pas entendre l'accent chantant du Midi dans chaque dialogue, plus croustillants au fil des chapitres.
Cela fait cliché de dire qu'il s'agit d'un roman désaltérant mais c'est pourtant le cas. Il y fait chaud et les mots de Pagnol, magnifiques de simplicité et de limpidité, se boivent aussi goulûment qu'une limonade par temps de canicule, en atteste la rapidité avec laquelle les pages filent. Peuchère, c'est déjà fini ! Heureusement qu'on peut enchaîner avec le tome suivant.