Je suis sortie plutôt mitigée de cette lecture.
Les premières pages pourtant ont été un régal. Très bien documentée, cette plongée au cœur du Sahara, de ses traditions encore vivantes et déjà moribondes, se fait sons et lumières sous la plume légère de Michel Tournier.
Le départ du village du jeune Idriss est touchant de candeur et amène de façon originale la question de l'identité et de l'image. En effet, ce jeune homme qui n'a jamais quitté le désert et ne s'est pas vraiment posé la question de son "moi", se retrouve confronté à de multiples représentations de son environnement. Comme si des dizaines de dictionnaires différents tentaient soudainement de le définir.
Ce début prometteur s'essouffle rapidement une fois Idriss arrivé sur Paris. Voulant développer sa réflexion sur l'image, Michel Tournier en oublie son héros. Il s'égare, empilant les épisodes un peu de bric et de broc.
On a du mal à trouver le liant entre ces diverses tranches de vie qui ne voient pas le jeune homme évoluer. Sa naïveté intacte plongée dans un monde fou et retord en devient à force de répétition limite agaçante.
Et la fin arrive plutôt abruptement, comme si Michel Tournier, ayant estimé qu'il avait fait le tour de la question, avait hâte de se débarrasser de son personnage.
On aurait envie de lui renvoyer le roman pour qu'il y ajoute la cinquantaine de pages qui en feraient une vraie réussite.