guerre de 1870
Je ne connaissais pas cette période, Alain Gouttman a l'art d'expliquer pourquoi cette guerre, comment elle se déroule et pourquoi nous l'avons perdue de manière spectaculaire. Passionnant
Par
le 2 juil. 2017
Que reste t-il dans nos mémoires de cette partie de l’histoire de France ? Pour la plupart d’entre nous, entre Waterloo et 1914, à peu près rien. Pour ma part, un inventaire à la Prévert : Le comte de Monte Cristo, Pasteur, La Commune. Oui, La Commune, ce grand mythe de la gauche.
Alain Gouttman restitue dans ce livre ce moment de l’histoire qui fut d’une importance capitale mais que le souvenir des deux conflits mondiaux a effacé. Car cette défaite qui dégénère en guerre civile, c’est un tournant qui voit naître l’Europe contemporaine. Là apparait l’Allemagne unie et militariste, là sombre la France dynastique, réminiscence de l’ancien régime et là nait la troisième république, parlementaire et démocratique. Là, dans l’humiliation d’une France défaite par un voisin qu’elle découvre bien plus puissant qu’elle, se trouve les germes de la première guerre mondiale. Et là nait vraiment l’idée de révolution communiste, au point que La Commune est l’un des mythes fondateurs de l’URSS.
L’auteur traite à peine la dimension militaire. Ce qu’il déroule, c’est la situation sociale, politique, et les acteurs de l’histoire. On sent son affection pour un Napoléon III bien intentionné, intelligent mais indécis, diminué physiquement et aux mains des coteries. Un homme bien faible au regard du génie de certains acteurs de ce drame : un chancelier Bismarck magistral, cynique et déterminé à réaliser l’union des allemands. Un Gambetta qui se bat pour faire vivre la république et chasser l’envahisseur, dont le Kaiser dira qu’il « était capable de faire surgir des armées de terre ». L’habile conservateur Thiers, travailleur acharné, avide de pouvoir, qui écrasera impitoyablement la classe ouvrière. Et cette classe ouvrière, sans organisation, sans chef, sans plan, travaillée par des agitateurs et qui sera brisée devant le mur des Fédérés.
Gouttman conclu, un peu contre son gré, que la question sociale est bien la clé de tout : Car c’est bien la souffrance de ces ouvriers des grandes villes qui provoque l’irruption répétée au cours du XIXe siècle de mouvements de révolte, terrorisant une bourgeoisie paralysée par l’esprit de classe, et qui finira par chercher un exutoire dans une aventure militaire menée de façon grotesque.
Un très bon livre fort bien écrit, qui remet en lumière des évènements finalement très actuels : opposition entre habitants des métropoles et ruraux de province, entre possédants et ouvriers paupérisés, faiblesse d’un pouvoir aux succès électoraux en trompe-l’œil, calculs politiques minables aux conséquences dramatiques.
L’histoire, parait-il, ne repasse pas les plats. Mais elle nous en apprend quand même sur aujourd’hui.
Créée
le 12 oct. 2020
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