"La grande île" est un roman de Christian Signol dont le ton est plutôt original et nostalgique.
Original parce que le narrateur, Bastien, raconte les années de bonheur intense et tranquille d'une famille qui vit presqu'en huis-clos, presqu'en marge de la société, au bord d'une rivière, la Dordogne.
Nostalgique car le temps passe et le bonheur est quelque chose d'éphémère, qui ne repasse jamais deux fois, si on ne prend pas soin d'accumuler et conserver en soi les souvenirs.
Et pourtant cette famille vivait sans grand moyens. Le père Charles péchait et le produit de la vente locale de la pêche ainsi que des travaux de couture d'Albine étaient la seule source de revenus. Voici l'exemple d'une famille auto-suffisante. A quoi bon avoir plus puisqu'on a déjà tout entre ce qu'apporte la rivière et la nature.
Les parents Charles et Albine restés très amoureux, très complices mais passionnés par leur vie au sein de la nature et par leurs trois enfants Bastien, Baptiste et Paule.
Les trois enfants investissent l'île qui est au milieu de la rivière et en font leur terrain de jeu et de bonheur absolu sous l'oeil attendri de leurs parents.
Un jour une roulotte de gitans s'arrête au village et les trois enfants deviendront les amis des deux enfants gitans Manuel et Esilda, en définitive, aussi marginaux qu'eux. Bastien, le narrateur sera marqué à vie par la rencontre d'Elsida.
Comme toujours, l'écriture de Christian Signol est à la fois simple et puissamment évocatrice lorsqu'il parle des joies de l'enfance insouciante et rurale, de l'admiration ou du respect que peuvent avoir les enfants de leurs parents.
Je ne sais pas trop pourquoi parce que les contextes et les finalités sont très différentes mais au fur et à mesure de ma lecture, je ne cessais de penser à un autre roman d'Hervé Bazin, "l'église verte" où un homme se met volontairement en retrait de la civilisation en habitant des bois. Ici, ce n'est pas du tout un retrait de la vie, c'est l'absence du besoin d'aller voir ailleurs pour ce qui concerne les parents et pour Bastien qui partira à l'âge adulte, ce sera la nécessité du retour.
"La vraie vie est en nous. Là, tous ceux qui n'oublient pas se retrouvent."