A l’heure où les réseaux sociaux s’emballent et s’enflamment à la moindre brindille frottée d’idéologie tendance, c’est un roman qui devrait calmer le jeu, tant les travers sont mis en lumière et les véritables réflexions montrées comme nécessaires : La guérilla des animaux est le nouveau livre de Camille Brunel, le premier publié chez Alma Editeur. Pour sauver la peau des animaux, faudrait-il la faire à tous les Hommes ?
La bande-annonce
Comment un jeune Français baudelairien devient-il fanatique de la cause animale ? C’est le sujet du premier roman de Camille Brunel qui démarre dans la jungle indienne lorsqu’Isaac tire à vue sur des braconniers, assassins d’une tigresse prête à accoucher.
La colère d’Isaac est froide, ses idées argumentées. Un profil idéal aux yeux d’une association internationale qui le transforme en icône mondiale sponsorisée par Hollywood. Bientôt accompagné de Yumiko, son alter-ego féminin, Isaac court faire justice aux quatre coins du globe.
L’avis de Lettres it be
« Nous ne nous mettrons à défendre les animaux qu’après avoir compris qu’il ne nous reste aucune chance. […] L’écologie est un souci puéril, elle cherche à défendre l’enfance de la Terre, sa virginité, sa peau douce, son regard pur comme l’air des Pôles. Il faut plonger l’humanité au plus profond du malheur. Lui faire perdre la foi en sa puissance positive. Car je ne la crois capable que de détruire, même quand elle croit faire le bien. » Ces propos sont ceux d’Isaac, le personnage principal de ce roman, véritable misanthrope, au sens clinique du terme. Témoin d’une cruelle scène de chasse en début de récit, notre Isaac voudra venger la race animale et n’exterminant son pire ennemi… la race humaine. Après avoir failli être sacrifié sur l’autel biblique, voilà qu’Isaac passe du côté des assassins en puissance. Un point de départ qui semblerait léger, voire ouvertement provocateur. Et pourtant, que d’intelligence et de réflexion dans la construction de ce roman surprenant, aussi acide que barré et puissant.
De toute évidence, Camille Brunel a l’intelligence de faire suffisamment transparaître ses idées propres sans pour autant transformer La guérilla des animaux en manifeste pur et dur. Sans connaître l’homme, difficile de conclure sur les intentions portant ce roman : l’engagement militant en faveur des animaux trouve-t-il un extrême mis en lumière ici ou bien, version premier degré, faut-il réellement considérer la disparition des Hommes comme la seule solution viable ? Un travail d’écriture très intéressant, donc, et qui laisse la porte ouverte à une compréhension multiple du roman. Réfléchir, une chose permise ici et qui se faisait rare autour de la question animale…
C’est un roman aux forces insoupçonnées que délivre Camille Brunel. Le professeur de lettres aussi vegan aguerri et militant assumé propose une lecture qui capte et garde l’attention, déjà par le brin de folie qui habite le récit, mais aussi par les réflexions souterraines qui pointent le bout de leur nez chapitre après chapitre. Volontairement abusif et acide, ce roman n’en demeure pas moins un terrain de réflexion pentu mais accessible à tous sur la réalité de l’engagement aujourd’hui. Un brillant roman, intelligent, engagé mais réfléchi.
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