A présent rodé et convaincu du grand talent de Beevor, je m'attaquais à ce pavé de 800 pages sur un sujet qui ne m'était pas forcément familier : La guerre d'Espagne.
Encore une fois Beevor capte son lecteur par un récit éloquent, totale, politique, guerrier, cruel et intimiste d'un conflit aussi meurtrier que révélateur de l'ambiance de la période 1930-1945.
Je n'y connaissais pas grand chose à la guerre d'Espagne à part quelques bribes : Guernica, Franco et le fascisme, la légion Condor. Mais avec Beevor tout est plus simple. Il vous présente et vous donne un récit d'une rare qualité et surtout il donne aux lecteur de l'intérêt pour une guerre qui ressemble au final à une vraie phase de test pour Staline et Hitler. Chacun vient y tester ses armes, ses Stukas, ses Tanks.
Beevor s'attache toujours à la contextualisation. Il expose les différents partis, les erreurs, les débats politiques, l'état de la société, l'aveuglement des puissances européennes. Je le répète mais la force des récits de Beevor est cette totalité, il évoque tous les plans d'une guerre. De fait, on en ressort plein d'image dans la tête, en ayant appris une tonne de choses, avec un nouvel intérêt pour ce sujet qu'est la Guerre d'Espagne.
Sur le fond, il ne faut pas en douter, Beevor est un maitre de la source, il regarde partout, dans toutes les archives et délivre une nouvelle fois une mine d'information étonnante, de confession. Quelle richesse de pouvoir lire le journal de Richtofen, de voir comment les communistes se sont imposés dans la République, de voir les erreurs de Franco, etc. On en apprend beaucoup comme d'habitude.
Il garde toujours une neutralité bienvenue, ne se pose pas en défenseur invétéré de la république. Il conte tout cela avec une distance formidable sans jamais juger.
Je ne cesserai de le dire, mais Beevor est orfèvre du récit historique sérieux et bien documenté. Un grand, un très grand historien qui redonne de l'intérêt à l'histoire. Qui lui donne du sens et une vraie valeur. Merci.