La guerre de Troie n'aura pas lieu par Chatov

Première œuvre de Giraudoux que je lis. Très plaisant. J’en suis d’autant plus content que je suis généralement très ennuyé par le théâtre, sans savoir pourquoi (Corneille, par exemple, m’ennuie, alors que j’y trouve ce que j’y cherche : des situations fortes, épiques, désespérées qui illustrent des théories, idées, déchirements ; des personnages forts,…). Ici, j’ai particulièrement aimé les personnages de Hector et d’Ulysse, le premier luttant seul contre tous pour empêcher une guerre qu’il ne connaît que trop bien pour l’avoir quittée il y a peu, que les atrocités protègent du charme exercé sur tous par Hélène. Cette Hélène dont Ulysse, ambigu et malicieux, ennemi et ami, révèle le véritable visage : celui de la destinée en marche, le prétexte choisi par les Dieux pour faire sombrer l’Histoire dans un inéluctable que Hector, héroïque, de sa force d’homme, avait tant bien que mal réussi à retarder. Hélène, premier cheval de Troie du destin, favorisant la volonté belliciste d’une Grèce qui, derrière la cause guerrière connue de tous, frivole, anecdotique, dissimule en réalité des ambitions autrement sérieuses, impériales, économiques. Le dialogue final entre Ulysse et Hector déniaise en quelque sorte le spectateur. Enfin, il y a cette Hélène insupportable de froideur, d’égoïsme, de nihilisme.
Des personnages hauts en couleurs donc, avec lesquels Giraudoux parvient à dire beaucoup sur la guerre, probablement au regard de son vécu, mais qui sont plus intéressante, je pense, envisagées dans leur universalité, comme illustration éternelle du conflit entre les va-t-en guerre et la pacifistes.