C'est en ayant les yeux et l'esprit tournés vers Mars, tout en pensant aux récentes découvertes à son sujet, qu'H. G. Wells a trouvé sa principale source d'inspiration pour écrire La Guerre des Mondes, évoquant ainsi le destin de la Terre face à des envahisseurs venus de la planète rouge cherchant de nouvelles ressources.
Si aujourd'hui cette histoire devenue un classique ayant traversé les époques, et même évolué grâce notamment à Orson Welles, Byron Haskin ou Steven Spielberg, c'est tout de même passionnant d'y revenir aux origines, et de découvrir comment Wells a cristallisé les angoisses de son temps, tout en étant novateur et en proposant plusieurs niveaux de lecture. Il est ici le narrateur et vit pleinement cette invasion, et le lecteur découvre en même temps que lui les événements, de la découverte d'une simple météorite, jusqu'à la puissance et technologie inhumaines des envahisseurs.
Il nous entraîne sans grande difficulté avec lui dans cette folle aventure, qui verra la race humaine impuissante et massacrée, n'hésitant pas, parfois même un peu trop, à décrire ce qu'il voit, ressent et se passe. Il mène le récit avec grand talent, sachant créer du mystère, de la tension, de l'angoisse ou même de rares lueurs d'espoir et, dans tous les cas, ne laisse jamais indifférent, en se basant avant tout sur son personnage ainsi que la Guerre à sens unique dans laquelle il est plongé.
L'une des forces de La Guerre des Mondes se trouve dans l'ambiance que l'auteur met en place, basée d'abord sur le mystère qu'entourent les météorites, puis axée sur la survie face à cette bataille sanglante. Usant d'un langage toujours juste et parfaitement choisi, Wells prévoit déjà le siècle meurtrier à venir, ce qu'on a aucun mal à imaginer tant ses mots et descriptions sont parlantes. Il se sert aussi de son récit pour mettre à mal l'assurance d'un empire britannique se croyant invincible et on peut voir dans ses propos une charge contre le colonialisme, notamment lorsqu'il s'imagine à la place des êtres réprimés face à un ennemi qu'il ne comprend pas et dont il ne possède pas les avancées technologiques.
Enfin, il y a aussi dans La Guerre des Mondes tout un contexte passionnant, qu'il soit scientifique, avec une rare et passionnante science du détail, à l'image de la description d'envahisseur symbole d'une efficacité génétique, ou tout simplement historique et sociale. L'auteur britannique stimule notre imagination, et on se retrouve envoyé dans une autre époque face à une terrible menace. Il confronte l'humain face à ses peurs ainsi que le désarroi, le fait de ne plus avoir de repères, qu'ils soient matériels ou humains, le renvoyant ainsi à un état plus primitif et même apeuré.
Le temps ne semble avoir aucune influence sur H. G. Wells, proposant avec La Guerre des Mondes une oeuvre à la fois passionnante, prophétique, politique ou encore terrifiante, où l'humain se retrouve face à ses peurs ainsi que ses primitifs instincts.