Dans La guerre éternelle, nous suivons des milliers d’années de vie et d’évolution des hommes à travers les yeux d’un jeune étudiant brillant, enrôlé dans une guerre qui ne l’intéresse pas, au moment où les humains découvrent le voyage spatial.
Mais ce n’est pas seulement un livre de science-fiction : il y a plusieurs niveaux de lecture, qui le rendent de plus en plus passionnant au fil des pages. Derrière l’histoire narrée par le héros, il y a une lecture parallèle sur la guerre, l’amour et la science au service des hommes (jusqu’à redéfinir à la fin le concept d’homme mais chut, pas de spoil), avec une surcouche de vulgarisation scientifique plus intéressante que n’importe quel cours de lycée. J’ai particulièrement apprécié la manière dont l’auteur entremêle son histoire d’explications très limpides sur la dilatation du temps (quand notre héros revient sur Terre après quelques années de service militaire, son jeune frère a maintenant 40 ans de plus que lui), l’évolution des techniques et des sociétés.
Joe Haldeman est à la fois vétéran de la guerre du Vietnam et physicien, ce qui se ressent beaucoup dans ce livre profondément pacifiste et didactique. Le héros fait également preuve d’un humour acerbe, lui permettant de ne pas sombrer dans la folie. Lors de ses retours sur Terre successifs, il nous dépeint une société complètement changée à chaque fois. D’une Terre à feu et à sang, il passe à une Terre apaisée mais shootée au Lexomil, pour revenir plus tard à une Terre rebelle mourant de faim, puis prospère, puis à une Terre où on veut le guérir de son hétérosexualité, etc.
Ce fut une véritable découverte : quel bonheur de découvrir des petits bijoux de littérature dont je ne soupçonnais pas l’existence ! Autant vous dire que je l’ai dévoré en peu de temps, avec cet aspect paradoxal d’avoir envie d’avancer mais pas trop, de peur d’arriver à la dernière page. À noter qu’il y a deux suites qui existent, dont j’attends avec impatience la republication pour replonger dans l’univers de Haldeman. Pouce en l’air !