C'est un livre très intéressant pour plusieurs raisons.
D'abord parce que l'imagination débordante de Rushdie livre ici encore un conte entre le fantastique et le réel.
Omar Khayyâm Shakil a grandit au milieu de ses trois mères, trois sœurs, cloitré dans "Nichapur", une grande maison qui respire la magie (noire ? ) . Lorsqu'il parvient à s'échapper de sa prison doré, c'est pour mieux y croiser des hommes-dieux, des hommes-diables, des femmes qui incarnent la honte...
La Honte, Sharam, que ses mères lui ont interdit de ressentir. Mais comment pourrait-il ressentir de la honte, lui qui, grandissant isolé de la société, ignore ce que c'est?
La Honte, qui devient personnifiée, qui est une métaphore de l'évolution de la société pakistanaise, qui déborde et menace.
Et la voix de l'auteur qui intervient, qui joue avec les polémiques qu'il a l'habitude de susciter, qui raconte les douleurs qu'il a gardées, se défend de dépeindre une réalité tout en laissant clairement entendre son point de vue..
Le livre offre cette confrontation constante du réel au mythique sous une forme qui m'a beaucoup plu, à savoir que l'on passe sans y prendre garde de la voix de l'auteur à celle du narrateur, ce qui aide à la réflexion que l'on est amené à avoir à la lecture, qui concerne bien évidemment le pakistan mais qui est beaucoup plus universelle que ça, quant au rapport à l'autre, à soi, à la honte, au pouvoir, à l'humilité, aux choix...
Un très bon moment.