Cher Terry,


C'est le cœur lourd que je prends ma plume pour t'écrire et si je dois nourrir un regret, c'est bien celui de ne pas l'avoir fait avant. Aujourd'hui tu n'es plus là et moi je ne peux plus te remercier pour ce que tu m'as apporté durant toutes ces années. Tu n'étais pas seulement un écrivain brillant, tu étais également mon ami et tu faisais partie de ma vie.


Car oui, il m'arrive souvent de penser à toi dans mon quotidien. Je ne peux plus m'empêcher d'avoir une pensée pour Planteur Je-Me-Tranche-La-Gorge lorsque je vois qu'un snack propose des hot-dogs. Je me demande sans cesse si un orang-outan s'offusquerait si je le désignais en tant que singe*. A chaque fois que je croise un agent des forces de l'ordre, je me retourne pour voir s'il n'a pas un vieux mégot coincé derrière l'oreille, à la mode de ce bon vieux Chicard Chique. Et autant dire que j'évite le plus possible de dire que je n'aime pas le curry, de peur que La Mort m'entende et qu'il* ne vienne en personne me reprocher mon manque de bon goût.


Mais au-delà de cela, c'est indéniablement le vide que tu vas laisser dans la littérature contemporaine qui m'attriste. Je ne fais pas seulement référence à ta plume maligne, légère et teintée d'irrévérences subtiles qui m'arrache toujours de francs éclats de rire* mais bel et bien à ton talent pour revisiter et enchanter notre monde. Tu avais le don de nous inviter à porter un regard critique sur notre environnement et sur notre quotidien. Tu nous invitais à nous interroger sur les administrations, l'industrie cinématographique, la ségrégation, la société de consommation, le communautarisme, la place des femmes dans la société, le hard rock, la publicité, le théâtre ou encore les anciennes civilisations et les cultures étrangères. Tout cela prenait place dans un univers d'Heroic Fantasy bâti au fil des années où les références à Asimov côtoyaient celles de Shakespeare ou de Tolkien mais où, toujours, tu t'évertuais à malmener la bêtise crasse qui sclérose notre société et notre (disque-)monde.



JE SUIS LA MORT, PAS LES IMPÔTS ! MOI JE N'ARRIVE QU'UNE FOIS.



[La Mort - Pieds d'argiles - Annale 19]


Mais voilà, la maladie a eu raison de toi et La Mort est venu* te ramener à ses cotés.
Est-ce pour autant la fin ? Non. Tu continueras à vivre en moi. En nous. A nous accompagner dans notre quotidien qui, bien que moins épique et farfelu que celui des habitants du Disque, reste avant tout une aventure que nous nous devons de vivre pleinement. Tu étais un auteur unique, un chevalier accompli de l'imaginaire et à jamais tu auras marqué tes lecteurs. Tu nous auras amusés, tu nous auras divertis, tu nous auras entraînés dans un univers haut en couleur où satire et dépaysement ne faisaient qu'un. Tu étais un génie à l'imagination débordante et à la plume facétieuse. Tu étais tout simplement mon auteur préféré et pour tout ce que tu m'as apporté, je te dis merci.


Merci pour tout.


♠ 1. Avant, bien sûr, de m'excuser avec un "OOOK" des plus sincères.
♠ 2. Oui, vous avez bien lu.
♠ 3. Ce qui a pour conséquence de me faire passer pour un fou auprès des badauds tristounets qui se massent dans les transports en commun.
♠ 4. On ne va pas revenir là-dessus...

MarlBourreau
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le 13 mars 2015

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