Zola et moi c'est vraiment une histoire compliquée. Car deux coups sur trois je passe à côté, je n'aime pas.
Et puis c'est quand je m'y attends le moins que je retrouve du plaisir à le lire. Douzième roman de la saga que je lis (normal, c'est le douzième), je me rends compte que je suis souvent surpris par ceux que j'aime. J'en aime autant des classiques comme Au bonheur des dames ou le ventre de Paris, que certains me laissent de côté (L'Assommoir, coucou).
Dans les moins connus, c'est la même chose. Parfois je les trouve vraiment bien (Une page d'amour) et parfois je comprends pourquoi la postérité ne les a pas spécialement retenus (Son excellence Eugène Rougon par exemple).
La joie de vivre fait partie des moins connus de la saga et je le range directement dans ceux que je préfère pour le moment. J'en vois ici qui s'étonnent du titre. En même temps, quand on connait un minimum Zola on se doute bien que tout ne sera pas rose et que le titre peut être ironique. Mais il ne l'est pas tant que ça. Parce que le livre nous raconte quand
même l'histoire d'une fille à qui il arrive plein de malheurs (elle est orpheline jeune, on dilapide son argent, elle se fait voler son fiancé, elle est mal aimée là où elle vit... même le chien de la famille meurt !) mais malgré tout elle garde une certaine force de vivre. Loin d'être défaitiste, loin d'être acculée, on sent que même si parfois c'est dur, elle essaye de profiter de la vie et d'en faire profiter les autres. Alors oui, ça peut sembler un peu niais par moment (cette héroïne est vraiment un peu gentillette mais sa jalousie, son avarice et ses accès de folie ne sont pas oubliés dans le roman, permettant de nuancer ce propos).
J'ai beaucoup aimé la façon dont les relations entre les personnages évoluaient. Tantôt proche, tantôt loin de Lazare. Qui est un personnage très intéressant car incroyablement fantôche. Il change d'avis toutes les secondes sur ce qu'il aime, n'assume jamais ses échecs, rejette la faute sur les autres mais n'en reste pas pour autant complètement antipathique. On sent en lui une envie de s'élever, d'améliorer son sort et de croire à ses rêves. Oui, il peut apparaitre antipathique car il est secondaire ici, mais il est le propre héros de sa vie et quand on comprend qu'il n'a pas d'autre choix que de vouloir trouver ce qu'il veut et aime faire, et là où il serait compétent, je le trouve beaucoup plus humain.
Cette chronique familiale est balayée par les vagues de la mer. Ici, ce petit pavillon est loin de donner un air de vacances à ce lieu. Non, au contraire, c'est un village menacé par les eaux et par la force des vagues (bien vu Zola sur le changement climatique à venir). Et la mer gagne peu à peu le terrain, tout comme la mort finit par ronger progressivement la vie. Certes, le parallèle est facile à faire, mais il s'ancre assez bien dans cette réalité géographique normande.