Dans ce douzième tome des Rougon-Macquart, Zola nous emmène dans un petit village aux environs de Caen. L’hiver et l’automne y sont rudes, tant la mer, presque vivante, personnage à part entière, se déchaîne sur les habitations, rendant toujours plus miséreux les misérables. Pauline, descendante Macquart orpheline, s’y installe, accueillie par de la famille éloignée. Elle y arrive le cœur chargé de chagrin, mais les yeux pétillants d’une joie innocente et d’une envie insatiable de découvrir le monde. Pauline, généreuse, curieuse et jalouse, s’éprend de son cousin Lazare, lâche, frivole, impatient, insatisfait.
Zola découpe le roman en deux temps principaux : celui de la vie et celui de la mort. Nous sommes tout d’abord bercés par le bruit des vagues, emportés dans l'enthousiasme de la découverte des corps changeants et mystérieux, de la découverte des cœurs et de leurs passions. Puis vient le temps de la mort, terreur de Lazare, qui plane au-dessus de la maison en menace permanente.C’est un texte déchirant de sincérité qui nous conte les rendez-vous ratés de l’amour, mais également les rêves déçus des espoirs placés dans l’innovation et la création. C’est le premier tome, il me semble, qui s'intéresse à la science comme un vecteur fantasmé d'ascension sociale, comme le fera plus tard Elsa Triolet dans Rose à crédit. Presque à la manière de Rachilde, Zola humanise animaux et éléments pour faire ressortir, de manière toujours plus criante, les angoisses et les tares des Hommes. Enfin, le combat impossible contre la nature m’a évoqué Duras et son barrage.
Ce tome s’impose comme l’un de mes préférés de la saga, m’ayant enveloppée à lui seul tout en me faisant replonger dans ces textes que j’avais tant aimés.