Je fais partie de cette génération de cinéphiles ayant été durablement marquée par les films de Tim Burton, et, en ce qui me concerne, tout particulièrement par "Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête", adaptation du "Val Dormant" de Washington Irving.
Il faut bien avouer - et rendre hommage - à la belle créativité du réalisateur car le long-métrage est au final assez éloigné de l'œuvre originale.
Ichabod Crane est instituteur dans la bourgade de Greensburgh, au lit-dieu le Val Dormant. Attiré par Katrina Van Tassel, fille du fermier-notable le plus prospère du coin, c'est un personnage comique qui prête à la moquerie. Bourré de paradoxes, cet individu au nom révélateur ("crane" signifie grue en anglais) est maigre comme un clou, possède des membres disproportionnés et seulement un habit. Famélique, il est pourtant doté d'un appétit d'ogre qui le fait carrément fantasmé sur toute pensée relative à la nourriture. Bien que pauvre sire, son statut d'instituteur le place en position dominante vis-à-vis de ses élèves et il cherche à les impressionner, notamment par des récits de magie dont il est féru. Et ça tombe bien puisque le Val Dormant est réputé pour sa légende du cavalier sans tête, spectre maléfique qui hante et terrorise les lieux...
"Sleepy Hollow" est une longue nouvelle qui présente l'extérieur d'un récit fantastique teinté d'épouvante mais qui est surtout une sorte de conte de veillée où il est question de singer les comportements ambitieux et gourmands et de chapitrer l'envie, la convoitise, le mensonge et la bêtise. C'est très bien écrit, le propos fait sourire et on peut y déceler une morale proche de celle d'une fable. Donc, si vous connaissez l'adaptation de Tim Burton, vous serez sans doute déçu(e) de ne pas retrouver dans le récit son atmosphère oppressante, tout comme la relation sentimentale entre Ichabod et Katrina.