La Ligne droite
6.3
La Ligne droite

livre de Yves Gibeau (1956)

Roman d'Yves Gibeau paru en 1956.

D'ordinaire, je ne lis pas les romans que j'appelle d'une façon sûrement "impropre", les romans sportifs ou qui relatent les performances ou la carrière d'un sportif. Ayant moi-même peu d'appétence pour ce type d'activité, je me sens bien souvent peu concerné par les performances sportives ou les scores.

Oui mais là, il s'agit d'Yves Gibeau qui nous parle de la reconstruction d'un athlète allemand, Stefan Volker, qui avant la seconde guerre mondiale et surtout son incorporation dans l'armée allemande pour aller se battre sur le front russe, avait une carrière de champion du 800 m toute tracée.

Porté disparu en Prusse orientale, il est retrouvé par hasard après la guerre par son ancien entraineur dans un état physique et moral déplorable comme vendeur de journaux à la criée, pratiquement clochard. Grièvement blessé, amputé d'une partie de son avant-bras droit, désespéré, il a même pris l'identité d'un camarade mort au combat pour qu'on lui foute la paix. Définitivement.

On retrouve bien là Yves Gibeau, l'auteur de "Allons z'enfants", livre qui est dans mon TOP 5 des romans depuis toujours. Il aurait pu choisir un contexte français. Mais non, il va choisir un jeune allemand car dans les guerres, les blessures des pioupious ou les conséquences sociétales se valent bien quel que soit le bord.

On reconnait l'humanisme de Gibeau lorsqu'il évoque au début du roman l'officier, admirateur des exploits sportifs passés du soldat Volker. Alors qu'il s'attend à être submergé par l'attaquant soviétique, l'officier projette de transférer Volker vers l'arrière sous n'importe quel prétexte. En vain, puisque lui-même sera tué.

Aidé de son épouse douce et généreuse, le vieil entraineur prend en charge le jeune Volker chez lui. Il faudra bien du temps et de la persévérance, après de multiples heurts et renoncements pour que Stefan parvienne à dépasser son orgueil et son désespoir avant de reprendre l'entrainement.

Le pacifisme d'Yves Gibeau atteint son point culminant lorsqu'un entraineur américain, enrôlé dans l'armée d'occupation en Allemagne, entre en contact avec le vieil entraineur pour lui proposer de s'occuper aussi de son jeune poulain, un sportif noir, champion américain sur la même distance que Volker. Symbole, symbole.

Un beau roman sur l'exaltation des qualités qu'on est censé trouver chez les sportifs : l'effort, l'entraide, l'esprit d'équipe, l'humilité, le respect d'autrui.

La reconstruction d'un homme profondément meurtri dans un roman passionnant qui se lit d'une traite.


JeanG55
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le 19 janv. 2023

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