Un coupable là où il n'y en a pas
La lucidité est une suite indirecte du livre L'aveuglement que je n'ai malheureusement pas lu.
José Saramago est un écrivain que je n'ai pas besoin de vous présenter puisque le monsieur a obtenu le prix Nobel de la Littérature en 1998. Ecrivain et journaliste portugais décédé en 2010, il a fourni des oeuvres complètes n'hésitant pas à remettre en question le système démocratique. La lucidité fait partie de ces bouquins.
Que se passe-t-il lorsque la population décide de voter blanc à 83% lors d'élections municipales. Voter blanc est pourtant un vote démocratique, mais ça ne plait pas au ministère en place qui pense à de la corruption, à une tentative de mettre en péril le système démocratique, etc. Tout va se mettre en place pour punir la capitale qui va d'ailleurs perdre ce statut. Ici, pas de noms de ville, pas de noms de personnages, pas de lieux précis, pas de pays, rien.
Le gouvernement ne va pas s'arrêter là. Il lui faut un coupable, quelqu'un qui ne serait pas devenu aveugle lors des événements précédents d'il y a quatre ans et ceux de l'Aveuglement. Heureusement, pas besoin d'avoir lu le livre pour comprendre l'histoire ici.
Saramago propose une oeuvre qui est une attaque en règle de la démocratie, d'un pouvoir qui cherche absolument un coupable à un événement somme toute démocratique. Et pour cela il n'hésitera pas à employer des moyens qui ne sont pas démocratiques... Un livre dont on pourra regretter la mise en forme, très lourde. Les chapitres sont de vrais blocs où il n'y a pas de paragraphes vraiment distincts où l'on peut reposer sa lecture. On regrettera aussi que pour les dialogues entre personnages, on ait affaire à des virgules et non des guillemets ou du moins un manque d'air dans la lecture de ces dialogues.
Par contre, la qualité du récit est vraiment très bonne avec un roman possédant une critique d'un système couplée à une histoire policière et un suspense.