Quand un bouquin est sauvé par les pages qu'il ne contient pas, ce n'est jamais bon signe...
Comme tout bon fan de SW, j'étais évidemment très intrigué par cette High Republic, nouvelle époque officielle haute en couleur et en fraîcheur qui ne parviendra, de toute manière, jamais à consoler les tenants de la Old Republic. Après avoir chouiné pour retrouver Revan, Malak, etc, nous voici livré un ambitieux projet transmedia qui met en scène une République optimiste, pacifiée et lumineuse confrontée à une menace terrible et masquée, les mystérieux Nihil.
Effectivement, la République qui nous est présentée est sucrée et idéaliste à souhait, engagée dans un paso doble avec l'ordre Jedi, omniprésent. L'exposé politique est sympathique, on sent le worldbuilding et la volonté de créer un fonctionnement crédible à cette institution galactique toujours aussi paternaliste et arrogante. Malheureusement, le discours est d'une platitude douloureuse, mélange d'idéalisme martelé à coups de mantras (NSTLR) et de considérations Jedi comme souvent assez pénibles à encaisser. La galerie de personnages est desservie par des dialogues creux ou décalés, ne sachant se positionner entre la proximité d'un vocabulaire et d'une écriture volontairement modernes pour ne pas dire médiocres, et les accents plus dramatiques et emphatiques d'une geste fantasy comme je pouvais l'imaginer. De fait, impossible de s'attacher aux personnages qui enfilent les lieux communs et les âneries convenues sur un ton explicatif qui fleure bon le cinéma français.
On m'avait aussi vendu une menace cosmique. Quand j'ai découvert que les fameux Nihil était une bande de racaille anarco-pirate motivée par le pognon et le vent de la liberté, tout le reste n'avait plus grand intérêt.
Les menaces galactiques qui mobilisent République et Jedi me semblent très artificiellement mises en scène, contraignant le lecteur à gober des enjeux et des solutions capillotractées à des problèmes qui paraissent à première vue bien mineurs.
Les Nihil prennent dans les dernières pages une autre tournure et on comprend qu'il ne s'agit que du début d'une transformation vers quelque chose de plus massif et maléfique (oui, plus Sith en somme...) mais que c'est laborieux.
Le ton adolescent des dialogues et des introspections n'est pas à la hauteur d'un livre pour adultes qui, par ailleurs, propose des éléments techniques et politiques pas inintéressants. J'ai l'impression qu'il faut déjà être acquis à la cause pour apprécier le bouquin qui remplit des cases vides de la chronologie et nous promet un déferlement de destruction sur la galaxie. Le fan se contente d'une petite brique dans le grand édifice de l'univers canon et j'ai l'impression d'avoir fait mes devoirs, sans plaisir. Livre un peu foiré donc, plombé par sa naïveté et une galerie de Jedi complètement transparents. Il faut dire que cet angle d'attaque est toujours assez casse-gueule tant les Jedi requièrent un traitement nuancé pour ne pas se limiter à jouer des rôles de moines radicalisés et intoxiqués à la conviction de faire le bien. Personnages éminemment chiants ou agaçants, totalement éclipsés par les bad guys, comme d'habitude. On est loin de la team de la trilogie Empire's End qui avait le bon goût d'être plein de second degré.