La Galice jusqu'à l'hallali
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Nous sommes nombreux à avoir ressenti un véritable coup de foudre, en lisant, il y a quelques années, La huitième vie de Nino Haratischwili. Un récit encore plus électrisant pour ceux qui ont eu la chance de visiter la Géorgie, aux somptueux paysages, dans la première décennie de ce siècle, alors que le tumulte des premières années d'indépendance s'était peu à peu atténué, bien qu'il en reste des stigmates, à Tbilissi, particulièrement. Drôle de pays magnifique où Staline représente encore, pour une partie importante de la population, une sorte de héros, en dépit de ses crimes. Mais revenons plutôt à la romancière géorgienne qui, certes, écrit en Allemand et travaille loin de son pays natal mais dont les racines sont tellement ancrées en elle qu'elle y revient encore, avec une fresque sombre comme une nuit sans lune et ébouriffante, portant le titre de La lumière vacillante, bien moins puissant que son contenu. Avec d'incessants retours en arrière, à partir d'une exposition de photographies à Bruxelles, le livre raconte la Géorgie déchirée des guerres de l'après-indépendance : civile d'abord, en Abkhazie ensuite, et celle des gangs qui terrorisent Tbilissi, alors que le pays vit dans une complète pénurie. Trop de choses se passent dans le roman pour pouvoir être synthétisées en quelques lignes : c'est l'histoire de la jeunesse de quatre amies prodigieuses, avec quelques hauts et beaucoup de bas, dans une époque abominable où la mort frappe l'une d'entre elles -on le sait au début du livre, on apprendra précisément comment, à la fin- et leurs proches, frères ou amoureux notamment, certains rendus fous par la précarité des temps. Le livre est très noir, reflet d'une période d'une violence difficile à imaginer, de laquelle émergent trois survivantes et de nombreux fantômes, dont la D'Artagnan parmi ces trois mousquetaires. Par son talent dramatique et sa capacité d'évocation, Nino Haratisschwili témoigne à quel point la sauvagerie des hommes, dans une société anarchique, peut faire tant de victimes, et parmi elles des femmes qui ne demandaient rien d'autre que la liberté de vivre avec insouciance leur jeunesse et d'aimer sans craindre pour leur existence ou celles de leurs êtres chers.
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le 16 oct. 2024
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