Intéressante vision de la maison sur le thème du pourrissement. Dès la page 9, après avoir passé des ronces façon château (hanté) de la Belle au Bois Dormant ( déhiscence des fleurs), on s'enfonce dans une terre putride associée à l'animalité. Puis c'est le délabrement général d'un bâtiment proche d'un cadavre ou d'un mausolée maudit (une maison où se pendre) digne de la Maison Usher. Le vocabulaire employé pour la maison d'ailleurs se rapporte au corps humain ( cheveux, face, visage, déhanchée) mais un corps maladif, peut-être même embaumé ou momifié.
On retrouve aussi certains poncifs des contes ou films fantastiques (il parle de fondu enchaîné): le héros en panne sur la route, qui cherche son chemin (Il accuse d'ailleurs le lieu d'être responsable comme s'il était maudit), le sifflement du vent, le soir qui tombe trop vite, les chasseurs comme dans le Chaperon rouge. (En passant déjà cette ambiance dans le Balcon). Puis c'est de l'horreur au merveilleux comme par magie avec ce repas qui apparaît (comme La belle & bête ou Alice). Mais tout reste inquiétant à la manière d'une nature morte ou scène d'église.
Il y a un aspect voyeur avec le fait qu'il la surprenne dans son intimité. Une insistance sur la nudité et la sensualité. Un tableau type femme au bain orientaliste. Une sorcière finalement puisqu'il se croît ensorcelé ou une Sirène car dit-il la voix tinte pour lui. Le piège se referme et l'entraîne (fil d Ariane = mort au bout du tunnel?). La mort est tellement omniprésente que la femme est "revenue " donc 1 fantôme, une nouvelle Ligeia?
Plusieurs références littéraires & artistiques: à lui-même déjà comme Au château d'Argol, Roméo, partie de campagne, Déjeuner sur l'herbe. Mais l'ironie demeure quand on pense à ces œuvres tragiques ou sarcastiques. Keats aussi Ode to a Nightingale qui parle de la mort comme d'un fait inévitable. La femme chante comme l'oiseau et dans le poème seul l'oiseau survit à son chant mais pas les humains voués à périr. Et puis la chevelure finale qui se révèle comme dans une nouvelle extraordinaire de Poe ou de Maupassant.
J'ai aimé aussi certains jeux de mots: « un clin de mauvais œil » ou « Nous nous abandonnons au courant et marchons ».
petite note de bas de page = https://www.poetryfoundation.org/poems/44479/ode-to-a-nightingale