Pour une première incursion dans la continuité de l'oeuvre de Frank Herbert, j'ai préféré rester proche chronologiquement du premier volume, en me disant que ça me permettrait peut-être de tempérer la nullité des auteurs par le plaisir de retrouver des personnages familiers.
Une large majorité des lecteurs trouve un grand bonheur dans les suites de Dune. Une minorité crache dessus en les taxant d'écriture enfantine et d'opérations commerciales. Si la majorité me semble un poil trop enthousiaste, la minorité vit dans l'aigreur et la mauvaise foi, au moins concernant ce volume.
J'y suis allé à reculons, repoussant plusieurs fois l'achat, parce que ces avis négatifs sont décourageants. Mais je constate qu'il faut être sérieusement malhonnête pour ne pas ressentir le travail précis, méticuleux, et le profond respect de l'oeuvre maîtresse.
On peut ne pas aimer, puisque le fond est amené sous une forme bien différente et avec certaines maladresses, mais de base l'argument de l'appât du gain me semble mesquin et ridicule. Pourquoi abattre tout ce travail quand le fils peut se laisser financièrement vivre sur l'oeuvre de son père ?
D'autant plus que le présent volume, très dense, trop, aurait pu donner lieu à 2 pavés de 600 pages chacun.
C'est raconté sans génie, et certains personnages secondaires prennent trop de place, ce qui donne l'impression qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue. Il y en a une, mais diluée.
Mais c'est proprement écrit, bien exposé pour permettre, tant aux habitués de Dune qu'aux nouveaux arrivants, de ne pas se perdre sur Arrakis, et même d'explorer d'autres planètes.
Les auteurs n'ont pas essayé de singer Frank Herbert. Ils ont abordé l'univers avec rigueur, mais dans un autre style. C'est plus direct, plus descriptif (souvent trop). Les personnages ont moins de mystères car plus expliqués.
La manière dont se déroule l'intrigue est assez banale, en alternant les personnages. L'histoire prend son temps. On finit par adopter un rythme qui est propre à ces romanciers, parfois trop rapide sur certains points, parfois trop lent sur d'autres.
À savoir s'il s'agit d'une lecture indispensable, cela dépend de chacun. J'ai plus de plaisir sur ce volume que sur les deux derniers du père. J'en ai tout de même moins que sur Dune jusqu'à l'Empereur-Dieu de Dune.
Frank Herbert nous a coincés sur Arrakis, avec son Épice et ses Atréides. Coincés d'une manière formidable. Mais les Hérétiques de Dune et La Maison Mère, qui ne sont plus axés principalement sur la planète, me semblent bien en-dessous des 4 premiers romans, comme des suites essoufflées et artificielles, moins inspirées.
Le fils nous permet de nous affranchir du joug de Dune pour explorer un peu plus l'univers créé par le père. Cela vient probablement d'une approche moins originale, certes plus laborieuse mais qui tient sur la durée.
La suite semble même plus plaisante à lire.