Fil spectral et mur du sang
ATTENTION, CECI EST UNE TENTATIVE DE CRITIQUE QUINZE ANS APRÈS LECTURE, RÉALISÉE SANS TRUCAGE.
CE TEXTE COMPORTE EN OUTRE DES ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES CHIANTS SUR SON AUTEUR (moi, donc).
Rien que du très classique au début de ce roman, adapté deux fois au cinéma. Une poignée de scientifiques et de médiums décident gaiement d'aller s'enfermer quelques mois dans une maison réputée hantée. Si ces idiots étaient nés un peu plus tard et qu'ils avaient été attentifs au cinéma d'épouvante de la seconde moitié du XXe siècle, ils auraient su qu'en général ce n'est pas la meilleure destination pour des vacances. Mais bon, le bouquin est sorti en 1959, ça ira pour cette fois. Nos joyeux drilles s'installent donc et, ô surprise, d'étranges phénomènes commencent à se produire, devenant de plus en plus violents au fil des jours. Poltergeists? Pas si sûr. Car une jeune femme parmi les membres du groupe semble tisser à son insu un lien particulier avec la maison. Pour autant que je me souvienne, le livre se termine mal -évidemment-, sur un twist qui me fait encore flipper ma maman.
J'ai lu ce bouquin quand j'avais 12 ou 13 ans. Je l'avais piqué dans la bibliothèque de mes parents, qui avaient dû l'acheter dans les années 70, à l'époque où ils fumaient des joints. La perte de mémoire marijuanesque est en tout cas la seule excuse que je leur ai trouvée pour avoir laissé ça entre les mains d'un gosse dont l'expérience la plus traumatisante jusqu'alors avait été de voir une maman ours tuée par ce salopard de Jean-Jacques Annaud. Je me souviens de l'avoir lu en hiver, dans notre baraque paumée au fin fond de la cambrousse, en m'installant dos au mur afin de pouvoir garder en permanence un œil sur ma chambre et conserver un parfait contrôle de mon environnement.
On ne voit aucun fantôme dans ce récit. Simplement des manifestations bizarres, des bruits, des objets qui bougent, des griffures profondes et des chocs violents sur un mur la nuit (particulièrement flippant) et tout le tremblement habituel. Mais à l'époque, ça a suffi pour me terrifier. Maintenant que je suis grand et fort, je peux regarder des films gores au kilo sans vibrer du sourcil. Mais la moindre histoire à base de machins d'outre-tombe et d'événements inexpliqués me fait me planquer sous le canapé. Vous voyez le coup classique du miroir où l'on sait depuis 1983 qu'un visage va soudain apparaître dans les cinq secondes qui suivent? Si les scénaristes continuent à en mettre dans leurs films, c'est qu'ils sont parfaitement au courant qu'à l'autre bout de la chaîne, y a encore un type qui pousse un hurlement à chaque fois, parce qu'il a lu Maison hantée quand il était môme.
Shirley Jackson, je te hais. Tout ça, c'est de ta faute.
NB: Il est vraisemblable que je n'aie jamais le courage de relire ce livre. Mais les probabilités sont encore plus fortes pour qu'il ne soit en réalité pas plus flippant qu'une série Z du pauvre. Si l'un d'entre vous l'a lu alors qu'il était majeur et qu'il ne voit vraiment pas pourquoi je prends tant de place pour en parler sur Sens critique, merci de prendre contact avec mon psy, qui transmettra.