La Maison où je suis mort autrefois par DanielO
Sayaka fait partie de ces femmes qui nous révulse et que l'on condamne par dessus tout: les mères maltraitant leur enfant.
Rongée par la culpabilité et son impuissance à lutter contre ses pulsions, elle finit par confier sa fille à ses beaux-parents et tente de se suicider.
Dans une lettre que lui a adressé son père avant de mourir, elle apprend qu'une vieille maison dans laquelle elle aurait vécu va être démolie.
Elle décide alors de partir à la recherche d'une personne qu'elle n'a jamais connue mais dont elle a terriblement peur: la petite fille qu'elle a été.
Avec l'aide de son ancien petit ami, elle va tenter de retrouver une mémoire enfouit au plus profond d'elle-même dans cette lugubre demeure perdue derrière les montagnes dont elle n'a absolument aucun souvenir.
C'est dans cette maison sans vie où sommeillent les reliques d'une vie volée que va se mettre en scène un cauchemar que Sayaka n'a jamais fait.
Avec un indéniable talent de conteur, Keigo Higashino nous embarque dans le long et éprouvant labyrinthe d'une mémoire traumatique.
Huis clôt psychologique où les indices amènent plus de questions que de réponses, c'est avec délectation qu'on se retrouve pris dans les filets d'un récit construit en forme de puzzle.
On y retrouve aussi toute la pudeur et la distance qu'entretiennent les Japonais entre eux, une retenue qui pourrait être perçue comme de la froideur par nos mentalités occidentales.
Malgré une certaine neutralité dans la narration qui accentue efficacement le côté très glaçant de l'histoire, ce livre souffre à mon goût d'une écriture peut-être un peu trop linéaire et manquant de relief.
Je partage néanmoins l'enthousiasme général tant il est vrai que les thèmes de la mémoire, de l'enfant face à la violence et de la quête d'identité sont traités de façon tout à fait remarquable et inattendue.
Une bonne lecture estivale que je conseille à tous ceux qui aiment le genre.