Dans cette nouvelle, Guy de Maupassant aborde un thème assez surprenant - la maison close - prouvant par là même que la prostitution n'a pas toujours été le tabou que l'on s'imagine.
Publié en 1881, ce récit décrit le business de Mme Tellier, tenancière d'une modeste maison de plaisirs en Normandie, la vie de ses cinq pensionnaires et les moeurs d'une société qui, sortie des salons bourgeois, se comporte avec une licence assumée.
Mlle Larousse, au savoir encyclopédique reconnu, se prononce : "la licence se traduit par une liberté excessive qui tend au dérèglement moral ; ce qui est licencieux, contraire à la décence". Or, Maupassant arrive par son talent à nous faire complètement occulter l'aspect glauque et révoltant de la prostitution pour faire de ses travailleuses du sexe des filles de joie au sens propre du terme. Tout au long du récit, ce ne sont en effet que rires, facéties, bonne humeur, bonne volonté et espiègles réparties qui tendent à nous rendre attachante la bonhomie de tout ce petit monde, du notable usager du lieu à la fille publique malpropre qui a pour profession de le divertir.
Toute l'ironie De Maupassant transparaît quand profitant d'une première communion en famille Mme Tellier et ses "filles" débarquent incognito dans une bourgade rurale et sont derechef considérées par tout un chacun comme des "dames de la ville", allant jusqu'à s'attirer les bonnes grâces et les bénédictions de Mr. le curé.
"La maison Tellier" est une nouvelle qui met certes la prostitution en pleine lumière mais sous un angle diamétralement opposé à celui du génialissime "Boule-de-Suif".