Roman psychologico-politico-historique

A travers la biographie de l’illustre directeur du FBI, c’est l’histoire politique des Etats-Unis qui est relatée, partant du début de la Seconde Guerre Mondiale et s’achevant au milieu de la guerre froide, après le Watergate et la mort de Hoover.

La dimension politique de l’ouvrage est fascinante : l’ouvrage met en exergue les relations frauduleuses entre les dirigeants politiques et la pègre italo-américaine, expose les multiples cercles d’influence du pays, décrit le partage conflictuel du pouvoir entre des hommes ennemis, dénonce les complots d’états etc… Tous ces éléments sont décrits du point de vue de Clyde Tolson, n°2 du FBI et second d’Hoover, deux personnages qui n’étaient pas les plus vertueux de leur siècle. Ils établissent des dossiers sur tous les membres du gouvernement, sur les artistes et les stars hollywoodiennes suspectés de communisme, et plongent sans vergogne dans leur intimité la plus profonde : c’est le cas de JFK ou Charlie Chaplin, en passant par Marilyn Monroe et Franck Sinatra. L’espionnage et la mise sur écoute semblent être des actes insignifiants à leurs yeux tant ils l’ont rendu omniprésent dans la vie politique : en parlant du Watergate, Tolson affirme :

Un si grand scandale pour de si petites choses, c’est bien le paradoxe
de notre histoire.

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Nixon est tombé pour des méthodes qu’Edgar pratiquait depuis 1924.

Mais l’Histoire et la politique cèdent parfois la place à l’intimité et à la psychologie des personnages. Si les relations conjugales de JFK et sa femme, ainsi que les aventures du jeune président avec Marilyn Monroe sont mentionnées par le narrateur, Tolson insiste bien plus sur la vie privée de l’homme au centre du récit, John Edgar Hoover. Personnage fascinant, hypocondriaque et maniaque notoire qui refusait catégoriquement que ses agents marchent sur son ombre, le « plus grand salaud d’Amérique » peut aussi se révéler touchant. S’auto-proclamant gardien de la morale américaine, garant des valeurs chrétiennes, il est sous certains aspects ce qu’il combat. Vicieux, manipulateur, mais surtout homosexuel. Le chapitre 35 est le plus brillant de tous, tant il permet au lecteur de comprendre les tenants et les aboutissants de la personnalité de Hoover, les aspects fondamentaux de sa psychologie, et ainsi de saisir enfin ce que signifie le titre du livre.