La Marche de Mina porte la délicatesse coutumière de Yoko Ogawa.
Le lecteur retrouvera son écriture, tout en nuances, rarement définitive. Il peut ainsi finaliser dans son imaginaire les esquisses de lieux, de portraits ou de situations.
Cependant, au-delà du style, le roman transporte une légèreté inhabituelle dans laquelle le thème et le sujet se font plus discrets.
La lecture est donc moins dérangeante, moins interpellante.
A titre d'exemple, l'auteure aime explorer le handicap physique et psychologique qui va parfois jusqu'à la "monstruosité". Untel souffre de surdité, celui-ci vit sous la coupe du sado-masochisme, l'autre est un voleur compulsif d'objet mortuaires.
Si Mina souffre d'asthme, finalement, le mal est moindre.
Il en va ainsi de tous les thèmes récurrents chez Yoko Ogawa :
- la solitude (ici dû à la perte d'un être cher, de l'éloignement ou de l'adultère) est bien sûr présente mais rien de très pénible n'est mis en scène ;
- le souvenir est ravivé mais les émotions connexes assez peu commentées.
La romancière tente l'exploration de l'autre, de l'étranger.
Elle avait abordé ce thème dans Parfum de glace (du fait notamment du décalage de la langue) et y reviendra dans Instantanés d'ambre.
Mais là aussi, la différence de culture et l'imagination qu'implique la distance sont finalement touchés du doigt mais pas approfondis.
En somme La marche de Mina nous propose portraits et situations aux parfums de douceur et de mélancolie qui s'évaporent aussi vite qu'ils ont été inhalés.