La chute de l'empire austro-hongrois
Le roman est devenu un classique de la littérature germanique.
C'est l'histoire d'une famille sous trois génération. Le grand-père, qui sauva l'Empereur lors de la bataille de Solferino, le père, préfet qui sert l'Empereur avec respect et admiration, et le fils, soldat plus ou moins forcé...
Mais c'est avant tout l'histoire d'un Empire et de sa chute. Le roman débute à Solferino et s'achève lors de la Première Guerre Mondiale. On y voit un empereur gâteux, des officiers incompétents, des fonctionnaires arrivés à leur poste par népotisme mais pas pour leurs talents, etc.
En finesse, sans jamais forcer le trait, Joseph Roth dresse le portrait d'une aristocratie sans le moindre mérite. L'humour est présent (le père adore tellement l'empereur qu'il lui ressemble trait pour trait et mourra en même temps que lui, ne pouvant survivre dans un monde sans Sa Majesté), parfois corrosif. Le drame aussi (l'annonce de l'assassinat de Sarajevo est un sommet de tension dramatique). Le symbole enfin : un homme nommé officier de cavalerie alors qu'il ne sait pas monter à cheval, c'est le résumé de tout ce qui va mal dans cet Empire, un Empire qui ne semble dirigé par personne, où tout le monde fait ce qu'il veut, où les provinces marginales sont quasiment laissées à l'abandon et aux traffics (indispensables pour survivre).
Derrière le glacis d'humour, le constat est terrible. Il est évident que l'auteur aime son pays. Et qu'il ne pardonne pas à ceux qui sont responsables de sa déchéance.
Roth est également un formidable observateur : sa narration prend en compte d'infimes détails qui prennent tout leur sens dans un ensemble passionnant. Ses personnages sont excellemment bien décrit, sans la moindre concession, mais avec humanité (et amour).
Un chef d'œuvre.