Un perso principal sans intérêt (pour le dire gentiment) et 400 pages de remplissage éhonté
Au tiers du tome, un assassinat fait basculer le récit dans un roman d'aventures. C'est banal mais lisible. Contrées éloignées, nouveaux dangers, scènes d'action. Même si l'héroïne n'a aucune personnalité, on suit sans se faire violence ses tribulations risquées jusqu'à la grande bataille finale, conclusion habituelle de ce style de roman. L'autre "qualité" du roman est la traduction française, très soignée.
Tout le reste oscille entre médiocre et épouvantable.
.
.
PREMIER TIERS
Le premier tiers du roman (380 pages) n'a aucun rapport avec la suite.
Il introduit une héroïne à la personnalité figée et fade. Sans épaisseur psychologique. Non seulement elle a peu ou pas d'émotions, mais il y a zéro crédibilité psychologique dans son personnage d'enfant et dans ses interactions avec les persos secondaires. Zéro évolution non plus. La voit-on acquérir ses connaissances politiques, ses bonnes manières, ses compétences musicales ou linguistiques ? Non. S'en servir ? Non. La voit-on changer physiquement ? Psychologiquement ? Non. On n'est pas loin du degré zéro de la caractérisation de personnage. Et petite précision : contrairement à ce qu'affirment certains avis SensCritique, l'héroïne n'est pas bisexuelle. Elle a 10 ans. C'est une enfant. Une enfant victime d'un réseau de prostitution pour aristocrates pédophiles. C'est quoi l'intérêt de ces scènes répétitives où l'héroïne - qui est une fillette - se fait tabasser par des détraqués sexuels ? Pour l'alibi en tous cas, l'autrice ne s'est pas foulée : elle donne à l'héroïne deux capacités surnaturelles, éprouver du plaisir quand on la torture et guérir plus vite que Wolverine. Pourquoi faire compliqué, hein ?
Un lexique pléthorique en guise de cache misère. L'autrice ne sait pas écrire un roman de formation alors elle nous sert un tas de mots exotiques, histoire de faire genre. Mais c'est juste ennuyeux. Idem pour la mythologie autour du pouvoir surnaturel de Phèdre.
Zéro intrigue (un complot expédié en deux scènes et quelques allusions éparses).
Il y a 80 personnages secondaires (!!). 75 sont inutiles, réduits à 1 ou 2 scènes. Scène(s) ne servant à rien, à part comme remplissage. Aucun impact sur l'héroïne, ni sur la suite du récit. Les persos secondaires sont inintéressants par eux mêmes, des caricature unidimensionnelles, et sont abandonnés définitivement par la récit à la mi roman. Bref, on se moque un peu du lecteur.
.
.
DERNIER TIERS
L'héroïne prend un peu vie dans le contexte de roman d'aventure. Mais c'est une Mary Sue intégrale : elle est respectée, aimée ou admirée par tous les personnages du camp des gentils et par quelques méchants. Phèdre est une combinaison d'incroyables qualités sans le moindre défaut. Ce prénom laissait entrevoir une dimension tragique. Mais la seule fatalité qui poursuit l'héroïne, c'est celle de ses succès ininterrompus, à partir d'une situation critique.
Elle est intelligente, cultivée, belle, d'un courage incroyable, fidèle à sa parole, prête à mourir pour sa pays, ses amis et ses alliés. Elle est totalement tendue vers le Bien. Aucun doute, aucune faiblesse, même quand il faut traverser l'équivalent de l'Alaska en bikini. C'est Mère Térésa dans le corps de Miss Monde.
.
.
BILAN
Deux défauts rédhibitoires dominent ce roman et occultent complètement ses timides qualités de rythme et de dépaysement.
1 - le personnage principal totalement raté (ainsi que tous les autres). L'autrice ne sait visiblement pas écrire un personnage.
2 - le premier tiers qui est du remplissage éhonté mais volontaire, conçu pour gonfler artificiellement le tome.
Je ne lirai plus jamais rien de cette romancière. Entre son manque de talent et son recours malhonnête au remplissage, je ne sais que je ne prendrai aucun plaisir à lire quoi que ce soit d'elle.