La Marque - Kushiel, tome 1 par Nananah
[Quelques spoilers, mais très légers]
On m'avait dit tellement de bien de Kushiel que j'ai du mal à ne pas être un peu déçue en refermant ce premier tome.
Ca partait pourtant fort bien : déjà, c'est un pavé, 900 pages grand format, et moi j'aime ça. La couverture est travaillée, l'édition est belle. Et le style des premières pages m'a tout de suite accrochée. Ce style, travaillé, à la première personne mais assez distant, comme un peu froid, pour contrebalancer le fond, est particulièrement adapté à ce que j'ai lu. J'ai eu du mal à trouver l'héroïne, Phèdre, attachante, mais une sorte de respect s'établit au fil des pages entre elle et le lecteur, par la force des choses ; le style froid est aussi pour quelque chose dans le recul que l'on prend sur cette héroïne à la particularité fort originale. Ca ne m'a pas gênée, bien au contraire.
L'originalité, dans ce livre, il y en a. L'intrigue reste sur des bases très classiques, dans un univers adapté d'une vieille Europe ; mais c'est la religion de Terre d'Ange qui rend ce monde particulièrement original et fouillé. Les intrigues de cour se révèlent plutôt simples, finalement, mais restent très cachées du fait du récit à la première personne, ce qui fait que le mystère les entoure tant qu'elles ne se sont pas complètement révélées, et elles remplissent parfaitement leur rôle. Quant à l'héroïne, vouée au arts de Namaah et frappée du signe de Kushiel, sans en révéler plus à ceux qui ne l'ont pas lu, son originalité est bien sûr une évidence.
Pourtant, c'est une pointe de déception qui m'envahit en refermant ce premier tome. Car Jacqueline Carey tombe dans plusieurs facilités qu'elle avait évité dans les premières parties de son roman. J'ai énormément apprécié l'éducation de Phèdre, également tous les chapitres chez les Skaldiques. Que les lieux et les aventures s'enchaînent, à la manière un peu hâchée, pourquoi pas : c'est un parti pris, et assumé et bien mené ce n'est pas dérangeant. Mais le voyage en Alba marque pour moi le début d'une trop grande complaisance de Jacqueline Carey avec son héroïne. Si l'entrée à Morhban était déjà un peu facile, alors l'entrée en guerre des Dalriada est à peu près aussi crédible qu'un rebondissement de télénovela mexicaine. La relation Phèdre/Joscelin est tellement prévisible qu'elle en devient un peu ridicule, tout comme la fin de ce roman digne d'un long-métrage Disney.
Si ces critiques semblent un peu dures, elles sont en fait à la hauteur de ma déception tant le roman me semblait excellent aux premiers chapitres. Finalement,la note reste bonne, car le livre l'est plutôt, ses défauts étant compensés par ses points forts. Mais j'ai un peu peur de lire la suite, car je ne sais pas encore de quel côté elle fera pencher la balance. A suivre donc.