Ma chronique entière sur mon blog


« Quoi qu'il en soit, si Dieu existe et qu'il a crée l'homme à son image, ce doit être un sacré salopard »


La lecture de ce livre est très rapide car les chapitres sont courts et s'enchaînent bien. En effet, plusieurs sortes de narration s'entremêlent au fil de l'ouvrage.


D'abord, nous avons des chapitres plutôt courts qui expliquent les diverses agressions, viols et assassinats de Michel Fourniret et les stratagèmes mis en place pour attirer les victimes. L'auteur nous indique le lieu, la date, l'heure, la météo qu'il faisait ce jour-là. Le style est lacunaire avec une omniprésence des dialogues et des faits exposés sans états d'âme des bourreaux ou des victimes. Ces chapitres m'ont glacé le sang. D'ailleurs, le livre s'ouvre sur l'un de ces chapitres. Ici, la jeune fille attirée dans les griffes de l'Ogre réussit miraculeusement à s'échapper. Sa famille porte plainte. Nous sommes en juin 2003, l'enquête s'ouvre alors. Je crois que je suis traumatisée à vie de « je suis professeur de dessin et père de famille ». J'ai l'esprit tordu mais là je n'imaginais pas de telles atrocités.


Ensuite, nous avons l' « affaire Fourniret » du point de vue d'un flic belge du nom de Jacques Debiesme. C'est ici, je trouve, que se joue tout l'art de l'auteur pour faire entrer de la fiction dans son livre. Ce flic a 49 ans, une vie de famille assez épanouie malgré des problèmes de santé qui s'expliquent par son goût pour la sèche comme il dit, la picole et le gras – n'oublions pas que nous sommes dans les Ardennes belges. Quoi qu'il en soit, j'adore ce flic et j'ai adoré suivre ses pensées et ses doutes sur l'affaire et sur la vie en général. Pour moi, c'est lui, la vraie star de ce bouquin.


« Je rentre plus tard d'habitude, il y a moins de circulation qu'à cette heure où les gens normaux sortent de leur bureau. Je me suis toujours demandé ce que ça voulait dire, des gens « normaux ». Et, surtout, si ça existe ».


Puis, nous avons des chapitres entiers écrits du point de vue de la femme de l'Ogre des Ardennes. Nous n'avons jamais dans le livre le point de vue de Michel Fourniret puisque le livre est sur elle et sur sa part de culpabilité dans les crimes de son mari. Elle raconte ses pensées intimes et nous voyons dès le début qu'elle cache beaucoup de choses. Ces chapitres forment des blocs, on est dans les méandres de ses pensées et ce n'est pas bien beau à lire...


« Je ne change rien, oui, je ne change rien, je continue à faire ce que j'ai toujours fait et à être ce qu'on croit que je suis, rien ».


Enfin, des chapitres d'auditions de Monique Fourniret et des VHS (visite hors surveillance) entre Monique et Michel.


Craquera, craquera pas ? Monique Fourniret tient à elle seule la preuve qu'il manque pour coffrer Michel Fourniret. On devine puis on comprend, dans ces 425 pages, sa part de responsabilité dans les crimes odieux de son mari.


Il est très difficile pour moi d'écrire une chronique pour cet ouvrage car comme le dit l'auteur à la première page:


« Si le livre est basé sur l'affaire Fourniret, s'il suit au plus près les faits tels qu'ils ont été révélés lors du procès, cet ouvrage est avant tout une œuvre de fiction ».


En effet, difficile d'aimer lire les vices et les crimes de ces personnages qui ont vraiment existé. D'un point de vue historique, je reconnais le talent de l'auteur qui nous donne à voir sur plusieurs décennies les agissements du couple macabre tout en insérant de la fiction dans le réel. Et l'auteur a tout bon, car un historien ne fait rien d'autre que de « combler les manques» avec de la narration afin de donner un « effet de réel » à l'histoire, le concept développée par l'historienne Arlette Farge dans Le Goût de l'archive.

Culturiosites
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le 2 nov. 2016

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