J'ai dû relire La Mort à Venise après être passé totalement à côté. Ce livre je l'ai lu sans envie une première fois, coincé entre Nicolas Mathieu et Jane Austen, comme dans une transition saugrenue de l'un à l'autre, bref lu en attendant de lire autre chose... Très insatisfait du sentiment d'inachevé laissé par mon manque d'implication dans la lecture de ce texte, j'ai décidé de le relire en lui donnant toute mon attention et d'enfin faire mon boulot de lecteur.
Grand bien m'en a pris. Ce que j'avais d'abord considéré comme une longue nouvelle à tendance pédophile et pédante est en fait un bijou de mélancolie à l'écriture et la finesse remarquables. Thomas Mann propose un texte érudit et sensoriel qui a quelque chose d'enivrant certes, mais d'une ivresse triste et chargée d'une culpabilité étouffante. On est rongé par l'adoration que voue le narrateur au jeune éphèbe qui finira par relier Eros et Thanatos dans une superbe scène finale.
Tristan, deuxième nouvelle est d'un romantisme cruel, cynique et sans pitié.
Le Chemin du cimetière est un petit précis d'humour noir flirtant avec l'absurde pour mieux accepter notre mort à venir.