Une merveille allusive, sombre et brillante..
Il y a des livres qui demandent plus d'attention et de concentration que les autres. La mort à Venise est un roman qui a besoin de temps et de "cerveau disponible", la lecture du roman nous invite à l'humilité..
J'étais agréablement surprise en lisant ce roman, émerveillée par un style dont la légèreté avoisinait l'enclume accompagné d'une construction remarquable. Ce livre se veut la consécration de la vie,même si le choix qu'elle implique mène à une perte inéluctable.
avec une construction, faite de personnages en miroir. Ce vieux beau que Aschenbach méprise et qu'il tend ensuite à vouloir devenir, pour essayer de fuir le temps, dans une fuite en avant vers un amour impossible.
La mort à Venise, c’est d’abord la rencontre, évidemment funeste, de l’artiste qui, toute sa vie, s’échine à produire le beau par des moyens imparfaits et au prix d’un dur labeur, avec l’incarnation de la beauté même, naturelle et facile, qui se présente à lui sous les traits d’un jeune adolescent polonais croisé dans un hôtel de Venise et poursuivi ensuite dans les ruelles et les canaux de la ville flottante;l'auteur ainsi dépeint une ambiance d'une Venise suffocante, méphitique, mortelle, dont les gondoliers tels Charon mènent les mortels vers d'obscurs rivages.. Pendant que le héros reste à Venise, une maladie silencieuse se développe dans la ville, une épidémie dont le nom ne sera jamais prononcé. On assiste à la décrépitude de Venise, en proie aux miasmes, l'auteur choisit donc une ville mythique facilement identifiable par les lecteurs qui s'imaginent instantanément le décor..
La mort à Venise est comme libéré de toute temporalité...
On ne peut s'empêcher, sans même penser au film de Visconti ; de voir cet homme, cet adolescent, cette ville et se dire qu'en quelques pages, Thomas Mann donne vie à de l'émotion pure.
Ce roman est pour moi une merveille allusive, sombre et brillante..