« La mort de Belle » (1952) est le 114e roman (en 2 parties, constituées de 5 et 4 chapitres) à 49 ans de Georges Simenon (1903-1989). C’est le 75e des romans durs (sans Maigret). Il a fait l’objet de 2 adaptations cinématographiques, l’une éponyme (1961) d’Edouard Molinaro, qui se déroule en Suisse, avec Jean Desailly et Monique Mélinand, l’autre, non encore sortie, « Belle » (2025 ?) de Benoît Jacquot, se déroulant dans l’Essonne, avec Guillaume Canet et Charlotte Gainsbourg, et d’une adaptation télévisée, « Jusqu’à l’enfer » (2009) de Denis Malleval, se déroulant à Orléans, avec Bruno Solo et Delphine Rollin. Georges Simenon l’a écrit alors qu’il séjournait dans le Connecticut (Etats-Unis), lieu de l’action du roman. Comme souvent et encore plus dans les romans durs, l’enquête policière est secondaire, ici concernant Belle Sherman (18 ans, hébergée depuis un mois chez Spencer et Christine Ashby, cette dernière étant une amie de Lorraine, la mère de Belle, partie en France après son divorce), retrouvée morte étranglée et violée dans sa chambre. C’est avant tout l’histoire d’un couple (10 ans de mariage, sans enfants), Christine, 42 ans, originaire de la ville, bien intégrée et aux nombreuses activités, et Spencer, 40 ans, originaire du Vermont, professeur d’histoire dans une école préparatoire à l’université. En parallèle de l’enquête, Simenon se focalise sur l’état psychologique de Spencer (taiseux, à la vie monotone, sans attaches familiales et sans écart de conduite), soupçonné, malgré l’absence de preuves mais sans alibi, et qui va gamberger, d’autant qu’il est mis à l’écart de la communauté. Son évolution mentale et psychologique, qui est le cœur et la colonne vertébrale du roman, est décrite avec maestria par l’écrivain et montre bien les conséquences psychologiques d’un assassinat sur un suspect, sujet souvent survolé ou écarté dans les romans policiers (ce que n’est pas « La mort de Belle »).