Laurent Gaudé a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2002 avec La mort du roi Tsongor. Dans ce roman de 202 pages qui se lit avec avidité, il y a un rapport à la mort particulier, l'auteur donnant la parole et des émottions au cadavre du vieux roi Tsongor, souverain d'un empire mythique, qui voit l'oeuvre de sa vie se dissoudre dans le sang.
Le lecteur est plongé dans un univers proche du fantastique où les morts parlent aux vivants et inversement. L'époque et le lieu sont anecdotiques, ainsi que la description des personnages. L'auteur s'attache plus à l'énergie que ces derniers dégagent, notamment lors du siège de Massaba. L'histoire fait immanquablement penser aux tragédies grecques et surtout à la guerre de Troie engagée pour l'amour d'une femme, dans le cas présent Samilia
Laurent Gaudé s'intéresse énormément à la question de l'endroit juste où déposé la dépouille du vieux roi, ce dernier ayant chargé, avant sa fin, son plus jeune fils de lui construire sept tombeaux qui doivent relater ce qu'il a été, c'est à dire un conquérant, un bâtisseur mais également un roi qui exterminé des peuples entiers et détruit des cités jusque là opulentes.
Ce jeune fils, Souba, deviendra l'unique survivant du clan Tsongor, ses frères s'étant entretués et sa soeur ayant disparu volontairement. On ne peut être que frappé par ce récit faisant écho à tant de mythes fondateurs et qui dénonce l'inanité de la guerre.