1. Munich rasée par les bombardements et occupée par les Américains se reconstruit lentement. Bernie Gunther aussi : redevenu détective privé, il vit une passe difficile. Sa femme meurt, il a peu d'argent et surtout, il craint que le matricule SS dont il garde la trace sous le bras ne lui joue de sales tours.


Une cliente affriolante lui demande de vérifier que son mari est bien mort, et le voici embarqué dans une aventure qui le dépasse. Tel Phil Marlowe, et en dépit de son cynisme, Gunther est une proie facile pour les femmes fatales.


L'Allemagne d'après-guerre reste le miroir de toutes les facettes du Mal et le vrai problème pour Gunther est bientôt de sauver sa peau en essayant de sauver les apparences de la morale.


Atmosphère suffocante, hypocrisies et manipulations, faits historiques avérés façonnés au profit de la fiction : du Philip Kerr en très grande forme.


Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
Un prologue ramène le lecteur en 1937, lorsque Bernhard Gunther, déjà détective privé, est envoyé par la Gestapo (alors qu'il n'en fait pas partie, ni même du Parti nazi d'ailleurs) en mission en Palestine, notamment pour espionner un certain Adolf Eichmann ainsi que son chef, Herbert Hagen, lesquels ont été mandatés par leur service, le SD, pour étudier la possibilité d'une émigration massive des Juifs allemands vers cette contrée.
1949, Munich, Allemagne, et Vienne, Autriche.
L'ancien détective allemand (et ancien inspecteur de police) Bernhard Gunther (qui se fait appeler Bernie et qui a 51 ans) a survécu à la Seconde Guerre mondiale malgré de longs mois à essayer de survivre dans les camps soviétiques de prisonniers de guerre. Sa femme Kirsten est gravement malade et il essaie tant bien que mal de gérer l'hôtel de celle-ci, sis à Dachau dans la banlieue de Munich. Un officier américain, Jacobs, qui croit reconnaître Gunther, débarque un jour avec un prisonnier, un ancien responsable du camp de concentration voisin, afin de déterrer un trésor enfoui par ce dernier dans le jardin de l'hôtel. Chose faite, ils disparaissent.
Sa femme meurt et Gunther décide alors de reprendre son travail de détective: les affaires reprennent assez vite, principalement des recherches de personnes, souvent nécessaires en cette période d'après-guerre.
Une belle et mystérieuse cliente, Britta Warzok, le charge de s'informer si son mari, Friedrich Warzok, est toujours vivant ou non, car, catholique très pratiquante, elle désire se remarier et ne peut pas le faire si elle est toujours statutairement mariée. Par l'entremise de l'église catholique, cela amène Gunther dans les réseaux nazis de fuite vers l'étranger et l'organisation ODESSA. Il s'avère que monsieur Warzok a été un tortionnaire nazi dans le camp de Lemberg-Janowska. Gunther ne respecte pas forcément les avertissements qu'on lui adresse pendant son enquête et il peut également informer madame Warzok que son mari est plus que probablement décédé; elle disparaît de la circulation. Gunther est attaqué, enlevé, menacé, battu et, en guise de dernier avertissement, on lui coupe un doigt! Pour le traiter et le guérir, il est envoyé dans une clinique privée, où il se lie avec son médecin, le Dr Henkell.
Le Dr Henkell l'invite à venir se reposer dans une maison qu'il possède à la montagne à Garmisch-Partenkirchen. Là, Gunther fait la connaissance d'un patient dans une chaise roulante, Eric Gruen, avec qui il se lie également. En ville, il retombe sur l'officier américain Jacobs, qui a des liens professionnels avec Henkell. Une des infirmières a remarqué une chose cocasse: Gunther et Gruen se ressemblent fortement physiquement. Gruen apprend que sa très riche mère, avec qui il était fâché, a décédé. En profitant de cette ressemblance, Gunther se propose de prendre l'identité de Gruen, se faire passer pour lui et aller s'occuper de l'héritage - des millions - à Vienne.
À Vienne, les événements s'accélèrent, pas pour le bien de Gunther. Il apprend, un peu tard, que Gruen et Henkell sont d'anciens médecins de camp de concentration, qui effectuaient d'horribles expériences sur les prisonniers. La CIA, par l'entremise de son officier Jacobs, veut les rapatrier en secret aux États-Unis pour qu'ils puissent y poursuivre des recherches médicales. Plusieurs cadavres jonchent la route de Gunther, qui sont manifestement attribués à Gruen (donc à lui, Gunther), et, enfin, il comprend que, quasiment depuis Dachau et sa rencontre avec Jacobs, il a été manipulé par Jacobs, Henkell et Gruen; madame Warzok s'avère être madame Gruen.
Maintenant, toutes les forces alliées sont à la poursuite du criminel de guerre Gruen, alias Bernhard Gunther! Celui-ci arrive néanmoins à ourdir une vengeance subtile (et médicale) à l'encontre de ses bourreaux mais il sait aussi qu'il doit définitivement fuir l'Allemagne, toujours sous le nom de Gruen. Il s'embarque sur un bateau pour l'accueillante Argentine, sur lequel se trouve également Eichmann.


Bernie Gunther voulait couler des jours heureux et bénéficier enfin d'une retraite bien méritée après ses aventures plutôt mouvementées racontées dans La trilogie berlinoise. Il a donc repris le petit hôtel – décor campagnard et géraniums – hérité de son beau-père (avec une évidente absence de clairvoyance commerciale : les touristes en cette année 1949 envisagent des endroits plus rieurs pour passer leurs vacances qu'un hôtel situé face au… camp de concentration de Dachau !) Les affaires périclitent, et sa femme tombe gravement malade. Bernie décide donc de redevenir détective privé, un métier qu'il maîtrise. Il va ouvrir un bureau à Munich et s'occuper des disparus.
Bernie accepte rapidement une première affaire avec une mystérieuse cliente, Frau Warzok, qui le charge de retrouver son mari afin de pouvoir divorcer. Bien entendu, ses ennuis ne font alors que commencer.
Si vous avez aimé La trilogie berlinoise, vous allez adorer La mort, entre autres.
Comme toujours avec Philip Kerr, le moindre détail dans la narration a son importance, rien n'est laissé au hasard, tout indice insignifiant trouve immanquablement une explication plus tard. Comme toujours, l'habileté du scénario laisse pantois, mêlant astucieusement personnages historiques, faits réels et éléments de fiction. Kerr continue de dérouler le fil des aventures de Bernhard Gunther avec une grande cohérence dans l'Allemagne de l'après-guerre. La chasse aux criminels nazis succède aux enquêtes menées pour le compte des dignitaires du même parti, puis pour le compte des Alliés. Bernie est toujours attentif au sens du vent et de l'Histoire, sans remords excessifs sur son passé. N'ayant jamais adhéré aux thèses hitlériennes, il obtient facilement son certificat de dénazification et peut négocier sans difficulté le virage idéologique de l'Allemagne.
Mais il n'est pas épargné pour autant. Des personnages extrêmement malfaisants et mal attentionnés vont s'acharner à lui mener la vie dure : anciens tortionnaires des camps, agents à la solde de la CIA, escadron vengeur israélien, tout y passe. A la suite de ce pauvre Bernie, qui est ici bien berné (ouais, je sais, facile), mais dont les ennuis personnels émoussent peut-être la vigilance habituelle, le lecteur est entraîné tête baissée dans une manipulation d'envergure et d'un cynisme total. Bien malin qui pourra dénouer tous les fils avant l'explication finale.
A la fin du roman, Bernie embarque pour l'Argentine sous l'identité d'un nazi, en compagnie d'Adolf Eichmann. La suite au prochain numéro ! J'ai déjà acheté Une douce flamme, et malgré ce titre plein de promesse d'une vie meilleure et plus calme pour Bernie, quelque chose me dit qu'il ne pourra toujours pas se la couler douce !

HenriMesquidaJr
8
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le 24 juin 2016

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HENRI MESQUIDA

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