Roi de l'azur, maladroit et honteux
La scène se passe principalement autour d'un lac près de la propriété de Sorine, frère d'une actrice de renom, Irina. Son fils, Konstantin a convié ses proches a assister à la première représentation d'une pièce qu'il a écrite. Il espère toucher le coeur de Nina, fille d'un riche propriétaire terrien qui a réussi à échapper à la vigilance de son père pour lui prêter ses talents quelques heures. Irina a amené son nouvel amant, Trigorine, jeune écrivain en vogue, et Konstantin redoute son jugement, d'autant plus que Nina le tient en haute estime, fascinée par les artistes et la scène. Le rideau s'ouvre devant l'impatience des spectateurs et Nina entame un monologue sur un futur lointain où toute vie a disparu de la terre. Irina pousse des hauts cris et ses amis crient au scandale, habitués au théâtre classique. Ils ne laissent même pas le deuxième personnage, le diable, faire son apparition, Konstantin, furieux arrête tout. Pour son malheur, pendant le séjour de sa mère, Nina tombe sous le charme de l'écrivain, et il la convainc de venir tenter sa chance sur les planches de Moscou, la persuadant qu'elle a vraiment du talent en tant qu'actrice. Konstantin se mure dans le silence et dans le travail, pendant que Macha, la fille de l'intendant de Sorine se meurt d'amour pour lui. La mouette est un symbole important pour Nina, funeste offrande jettée à ses pieds par Konstantin, menaçant de subir le même sort, puis utilisé comme métaphore par Trigorine pour décrire la vie de la jeune femme : "Une jeune fille passe toute sa vie sur le rivage d'un lac. Elle aime le lac, comme une mouette, et elle est heureuse et libre, comme une mouette. Mais un homme arrive par hasard et, quand il la voit, par désœuvrement la fait périr. « Comme cette mouette »".
J'ai été plutôt déçue de La Mouette et de cet ouvrage de Tchekhov en particulier, étant donné la haute estime que j'ai pour la littérature russe. Je ne connaissais pas encore cet auteur et j'ai pris ce livre au hasard parce que j'aimais bien le titre. J'ai trouvé les deux pièces plutôt vides, malgré de belles histoires d'amour. Tchekhov les avait mises au départ sous l'étiquette de "comédies" ce qu'elles ne sont clairement pas, les critiques parlent de tragi-comédies, mais je n'ai rien vu qui m'ait même fait sourire. On a un mal fou à se souvenir des personnages entre leurs trois noms et leur surnom. Dans Ivanov il y a une scène où le personnage éponyme rend visite à un ami qui reçoit des invités, il y a énormément de personnages, on se serait passés de la plupart, on se serait passés de la scène elle-même d'ailleurs. Dans La Mouette, Tchekhov se projette dans plusieurs personnages, notamment Konstantin, dans ce qui lui arrive avec Nina, et un peu dans le personnage de Trigorine. Le style n'est pas mauvais, mais ajouter la froideur du style russe à celle du thème, cela fait trop à mon goût. Je n'ai pas réussi à m'attacher à un seul des personnages que j'ai trouvé sans relief, fades au mieux irritants. La mise en abîme du théâtre dans le théâtre est certes intéressante, et pour l'époque sans doute, novatrice, mais elle ne suffira pas à aviver mon enthousiasme. J'ai eu l'impression de lire une œuvre de dépressif et j'ai eu envie d'apporter à son auteur un chocolat chaud fumant.