Nietzsche analyse la tragédie selon deux pulsions originelles créatrices : la pulsion dionysiaque et la pulsion apollinienne, qui ne sont pas des pulsions contradictoires mais plutôt des pulsions complémentaires nécessaires à l’émergence d’un certain mythe tragique. Plus qu’un éloge de la tragédie et de la musique qui l’accompagne, ce livre contient les éléments encore prématurés de sa philosophie.
En analysant l’émergence de la tragédie grecque, Nietzsche en explique son déclin. Notre monde moderne, qui est un prolongement de la culture alexandrine, s’oppose à la culture tragique d’antan. Ce monde est maintenant dirigé par une pulsion logique qui mène à l’optimisme socratique et à l’homme théorique. Ainsi, la vie se doit d’être dirigée par la science, qui croit corriger le monde grâce au savoir.
On reprochera à Nietzsche d’utiliser un vocabulaire obscur proche du mysticisme qui est un vocabulaire proprement schopenhauerien (l’un originaire, le principe d’individuation etc.) dont il se séparera pour développer son propre style.
On retiendra également son support à la musique de Wagner pour l'espoir d'un renouveau de l’ « esprit allemand », éléments dont il se séparera aussi au fur et à mesure.
Lecture nécessaire pour aborder le reste de son œuvre, mais qui est difficile d’accès pour un profane de Schopenhauer.
« Ce n’est qu’en tant que phénomène artistique que l’existence et le monde se trouvent éternellement justifiés »