"La nostalgie de l'ange" est un roman un peu étrange ; normal, me direz-vous, puisqu'il s'agit à la fois d'un thriller et d'un récit paranormal. Véritable best-seller plébiscité par le public anglo-saxon, il semble un peu moins réputé côté francophone.
Susan est une enfant de quatorze ans assassinée et découpée en morceaux par un serial killer. Un pitch dévoilé dès l'incipit et qui peut étonner mais pas longtemps quand on découvre que l'action se situe aux Etats-Unis.
Le réalisateur Peter Jackson ne s'est pas trompé quand il a flairé le potentiel cinématographique de ce roman qui lui a permis de tourner "The lovely bones" : une famille américaine standard, une zone pavillonnaire aux pelouses impeccablement tondues avec des vélos renversés qui y traînent et des niches à toits tuilés, un pavillon dont la cuisine embaume les effluves d'une délicieuse apple pie tout juste sortie du four et un étage qui résonne des chamailleries d'une fratrie turbulente. La petite Susie aura donc été spoliée de son american dream par un psychopathe, l'occasion pour Alice Sebold de construire un roman autour des interactions entre les morts et les vivants. Entre les lignes, la quête de justice, l'envie de retrouver et de châtier le coupable, le besoin de savoir où est désormais la défunte se profilent en développements plus ou moins heureux.
J'ai globalement apprécié la lecture de "La nostalgie de l'ange" mais je reproche à l'auteure les stéréotypes facilement employés ainsi que le dénouement à l'américaine. le monde du paranormal mérite mieux à mon avis qu'un scénario pré-mâché même si, au final, les pages se tournent toutes seules. J'ai aussi trouvé quelque peu macabre son insistance à vouloir décrire les sévices subis par Susie, un manque de subtilité que je juge racoleur.
Le réel intérêt de ma lecture est le questionnement amené par cette question : comment survit-on à la perte d'un enfant ? A plus fortes raisons dans des conditions criminelles ? Le roman traite ce sujet mais de façon trop superficielle à mon goût, le tort d'Alice Sebold est peut-être d'avoir voulu juxtaposer du suspense à l'approche psychologique ?