Le premier tome de cette trilogie m'avait laissé une impression d'un livre correct mais dont le potentiel n'avait pas été pleinement exploité. Hélas, ce deuxième tome semble souffrir des mêmes défauts. De surcroît, à cause de son aspect plus statique, la lecture m'a été légèrement plus pénible.
La Fantasy est un genre qui offre de nombreuses possibilités. Au-delà de l'inspiration historique ou des fresques épiques avec de multiples tomes énormes, Trudi Canavan a fait le choix audacieux d'un récit plus intimiste, et je ne peux que la féliciter. Ici, l'aspect moderne se ressent d'autant plus. D'une part, le cadre de l'histoire pourrait s'apparenter, si je puis dire, à une ville américaine moderne, avec le statut social inégal de ses habitants, les ghettos (ici nommé "Taudis") et l'université, la technologie supplantée par la magie. D'autre part, des thèmes assez modernes sont traités, notamment le harcèlement scolaire et l'homosexualité (J'en viens à croire que les écrivaines de fantasy aiment parler de l'homosexualité masculine). Ce parti-pris me plait beaucoup, car il est la preuve que ce genre de livres ne doit pas nécessairement tout puiser du Moyen-Age : l'univers décrit évolue à sa propre époque, selon ses règles et ses coutumes.
Sonea se révèle toujours intéressante dans ce second tome. En tant que protagoniste principale de cette trilogie, elle laisse suivre ses histoires sans déplaisir et est même plutôt attachante à défaut d'être originale. Dans la narration, cela se ressent que l'auteure aime ce personnage et tente de l'exploiter par plusieurs moyens. Heureusement, elle a évité de l'engouffrer dans une romance bateau ou de la montrer trop plaintive. Toutefois, j'émets plus de réserves concernant les autres personnages. Beaucoup, comme Vinara et Dannyl, se résument un trait de caractère, Regin est tellement tête à claques qu'il peine à devenir crédible, et les autres oscillent entre le correct et l'oubliable.
Disons clairement que le déroulement de ce tome devient très prévisible, je dirais que cela manque clairement de rebondissements. Dès le début, on comprend que Sonea va subir du "harcèlement scolaire" parce qu'elle la seule à "ne pas être une bourge" comme qui dirait. D'accord, je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà lu cela en Fantasy, mais quand même, la façon dont les autres élèves l'harassent, c'est du déjà-vu. Du coup, il n'y a rien de vraiment palpitant : dès le début, on comprend que Sonea va combattre les "on-dit" et dévoiler toute sa puissance. En parallèle, une autre intrigue en parallèle est censée nous faire plus voyager dans le monde mais... ce n'est pas vraiment palpitant non plus, en fait.
Par manque de péripéties intéressantes, La Novice est un roman plutôt plat. J'aurais voulu aimer ce livre, car il développe de bons thèmes ainsi qu'un background intéressant, mais faute d'un traitement trop superficiel, l'univers n'est effleuré que de surface. J'avais déjà émis ce reproche à l'égard du premier tome, mais il semblerait que le second suive le même chemin. Peut-être est-ce ma faute : quand je vois que la quatrième de couverture vante le livre comme étant un "best-seller dans le monde entier", je me dis que je suis passé à côté de tout ce qui faisait le grain de l'histoire.
Toujours est-il que La Novice représente pour moi un roman moyen, un livre prometteur condamné dans une intrigue trop classique. J'aime la Fantasy pour sa capacité à m'évader, à me faire rêver, ou à traiter de thématiques extrêmement réelles dans un univers fictif. Parfois, je ne demande qu'à m'attaquer à la différence, mais ici, je n'ai pas été conquis.