Dans ce roman historique très documenté ( comme d'habitude ), Gilbert Sinoué nous raconte, au travers d'Hermann Kallenbach - jeune allemand, juif non pratiquant et brillant architecte avec qui il entretient une relation fusionnelle- comment, au cours des dix premières années du XX° siècle, le petit avocat pro-britannique Mohandas Karamchand Gandhi a forgé en Afrique du Sud son image future,
C'est là en effet que, pour faire respecter les droits des Indiens qui s'y trouvaient alors et subissaient la discrimination des Afrikaners, Gandhi a forgé l'arme de la résistance passive et non-violente qui lui permettra plus tard d'obtenir l'indépendance de l'Inde.
Et si on a parfois l'impression qu'il faisait preuve d'une grande naïveté et d'une incroyable crédulité à l'égard de ses adversaires - ou d'Hitler, dans la fameuse lettre qu'il lui adressa en juillet 1939- force est de constater que son opiniâtreté finit toujours par l'emporter.
Mais nous découvrons également que, pour que cette conception de la lutte aboutisse au succès, il s'inflige une hygiène de vie extrêmement stricte, n'hésite pas à envoyer des gens se faire battre, emprisonner, tuer... et se comporte souvent comme un vrai despote, autoritaire et intransigeant avec les siens.
On apprend enfin que, bien qu'informé de la volonté nazie d'extermination des Juifs, Gandhi refuse de soutenir le projet sioniste, comme le lui demandait instamment son ami Herman. Sans doute avait-il compris que la création d'un état d'Israël ne se ferait pas sans heurt, mais il voulait surtout ne pas se couper des indiens musulmans.
La fin du roman jette donc une tache d'ombre sur la figure mythique du Mahatmah.
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