Sous le sable par Pier-Yvan
Jean Drillon s'est il noyé ? S'est-il suicidé ? ... Ou a -t-il décidé de disparaître ( comme l'affirme sa mère, et comme pourraient le suggèrer certains plans du début ) ?
La réponse à cette question est laissée en fin de compte au spectateur, au bout d'une analyse minutieuse du comportement d'une magnifique Charlotte Rampling, émouvante et crédible dans le rôle de Marie, sa femme, incapable de faire son deuil : persuadée qu'il n'est pas mort, elle parle de lui au présent à ses amis qui la regardent avec commisération, lui achete une cravate, imagine qu'il lui parle et qu'il l'observe....
Pourtant certains indices ( les médicaments, la discussion avec sa belle-mère.. ) la conduisent à se poser des questions.
Mais elle finit par rejeter l'amant qui n'arrive pas à combler cette absence, ni à la sortir de son délire.
Et quand enfin on lui présente un cadavre qui correspond, alors qu'on sent qu'elle va finir par accepter la vérité... elle replonge ( avec délice ? ) dans le déni.
Sans effets de manche, sans tambours ni trompettes ( une musique de fond rare et discrète ), ce film d'Ozon sur le deuil est touchant, sobre et maîtrisé.