Les sceptiques, parmi lesquels mon demi-frère, y voient une resucée de Don Giovanni de Mozart, mais il s'agit de théâtre et le décor n'est pas le même. Ce projet de procès est une trouvaille, et la manière dont il se délite, sans qu'il y ait vraiment d'audience, est le fruit des joutes de ces Dames, toutes truculentes dans leur genre. La bonne soeur et Mlle de la Tringle - quel nom approprié - sont des victimes candides, Mme Cassin - qui intervient peu - est la raison-même - aussi cette qualité ne façonne-t-elle pas un très bon personnage de comédie - , la Comtesse de la Roche-Picquet une sorte d'allégorie de l'amoralité cinglante, une sorte de Merteuil, la Duchesse empruntant un peu à chacune d'elle, d'où son rôle central de Procureur-Présidente de Cour - ou plutôt de chambre - .
Don Juan a vieilli et s'est assagi, et cela va bousculer les projets de ces Dames, qui veulent le marier à la nièce de l'hôtesse d'accueil, jeune fille qui tangue entre naïveté et clairvoyance. Le personnage-phare apprend également certains éléments sur sa propre nature.
Paraît-il que, justement, l'auteur est passionné de Mozart. On pourrait craindre en effet le pire, depuis le créateur originel, Tirso de Molina, puis Molière, Mozart, et même Jacques Weber dans son film.
Mais cette pièce n'est pas vaine, bien qu'un brin facile. Elle nous dresse une belle galerie de portraits, de vieux tableaux réjouissants de répartie. On y passe un bon moment.