Mémorable

Bouleversant. Ce fut la première sansation ressentie une fois le roman terminé.
Bouleversée. Par l'histoire racontée par Simon, par l'histoire d'Éléa, de Païkan, de Coban, du monde passé, terminé, fini.
Que ressentirions-nous si nous étions eux ?
Comment réagirions-nous ?
"Qu'aurais-je fait à sa place ?"
C'est une question à laquelle je ne peux pas répondre.

Sous la glace de l'Antarctique, une équipe trouve deux corps datant de 900 000 ans, enfouis à 1000 mètres, dans une capsule en or. Éléa, selectionnée puisqu'elle était la femme la plus belle et la plus solide pour supporter une cryogénie, et Coban, le scientifique du monde perdu, connaissant l'équation de l'Energie Universelle, qui rend l'Homme capable de créer tout avec rien. Ensemble, ils sont censés faire renaître leur monde.
L'équation de l'Energie Universelle, quoi de plus rêvé par les puissances de la Terre ? Qui l'aura en premier ? Que raconte-t'elle ? Qu'est-il arrivé à leur monde ? Comment fonctionnait-il ?
Ou simplement, LA question, qui sont-ils vraiment ? Comment des Hommes peuvent dater de 900 000 ans ? Ce n'est pas possible !
Toutes les questions, ils les poseront aux réveillés tandis que dehors, les plus puissants et les plus faibles s'affrontent en silence pour le monopole de la découverte.

Apres Ravage et Le voyageur imprudent, Barjavel me transperce à nouveau avec La nuit des temps, qui il me semble est son roman le plus connu.
Bien qu'ayant lu de nombreux synopsis de l'histoire, je ne m'attendais pas à cette tournure des évènements, à ce point de vue. En réalité, je ne m'attendais pas à cette histoire poignante, plausible, réaliste.
Barjavel manie le temps et les évènements avec aisance et l'histoire avance efficacement.

Ce roman met en évidence que peu importe les découvertes, les pays du monde voudront toujours en avoir la possession avant les autres. Quitte à abîmer, quitte à perdre, quitte à gâcher un futur -ou un passé- meilleur. Le monopole, la suprématie, voilà ce qui importe aux Etats. Mais pas aux scientifiques. Les scientifiques veulent découvrir et comprendre, les scientifiques sont curieux.
Et grâce à eux nous faisons connaissance des personnages enfermés dans la glace pendant 900 000 ans.

La fin de l'histoire, dont je n'évoquerai rien ici, m'a fait l'effet un poids. Barjavel a (pour ce que j'ai lu) des fins amer dont la morale est "qui se frotte au feu s'y brûle". Cette fin vous tombe dessus, vous laisse nu, perplexe, "bon sang que c'est réaliste". Et la réalité heurte, blesse, ne plaît pas, c'est un fait. Mais bon sang, que c'est réaliste ! Je n'en attendais pas moins de l'auteur.