Ce soir j'attends Madeleine.
Je l'ai lu, c'est bien sûr autre chose que de se faire bousculer par des groupies du TnBA qui préfèrent voir Romain Duris en train de donner vie à l'unique phrase qui le compose, et qui ne connaissent rien à Koltès – quand je parle d' "unique phrase ", là repose l'intérêt principal de l'œuvre : je suis cependant un peu déçu, tant la ponctuation qu'utilise Koltès semble juste " remplacer " les points ; je n'ai pas eu tant que ça l'impression de perdre mon souffle, de ne pas savoir où ça s'arrête, de chercher un moment de répit : au contraire, malgré la violence du texte cru, Koltès nous en offre avec les parenthèses et la cadratins, comme pour compesner et laisser des pauses à l'acteur qui le réciterait – malgré cette légère insatisfaction, La nuit juste avant les forêts est le texte-phare de Koltès, celui qui tue tout espoir, qui commence par la pluie et finit par la pluie, qui joue sur tous ces mécanismes littéraires discrets et cachés, comme toujours chez un auteur donc le nom ne peut que présager des textes aussi bruts, sanglants.