moitié conte, moitié roman
On suit l'histoire de Violette dans un environnement désertique et hostile. On voit comment de rencontres en aventures, du beau et du vivant se crée autour de Violette. C'est à la fois un conte...
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le 6 sept. 2021
Il n'est pas dans mes habitudes de partager ici mes coups de coeur de lecture (j'utilise ce site quasi-exclusivement pour partager des goûts cinématographiques).
Je fais donc une petite exception pour recommander chaudement ce premier roman de Corinne Morel Darleux.
Ce n'est pas le genre de roman que j'ai l'habitude de lire. Et ce n'est pas non plus ce que les éditions Libertalia ont l'habitude de faire paraître. Quant à l'autrice, elle avait auparavant publié des essais, mais ne s'était pas encore vraiment essayé à la fiction (mis à part deux nouvelles pour l'ouvrage collectif "Les mondes d'après - Nouvelles d'anticipation écologique" aux éditions Golias), bien que son précédent ouvrage, "Plutôt couler en douce que flotter sans grâce", déjà aux éditions Libertalia, convoquait déjà un imaginaire puissant, par ses références littéraires ainsi que par le parcours de Bernard Moitessier en fil rouge de ses réflexions.
L'ambition de Corinne Morel Darleux semble être de contribuer à proposer de nouveaux imaginaires adaptés aux défis collectifs de notre siècle. Le choix du roman d'aventure accessible aux adolescent(e)s est d'ailleurs une façon de semer des graines que les citoyen.ne.s du monde d'aujourd'hui et de demain feront germer ou non.
Cet apparent fléchage "jeunesse", qui se traduit notamment dans le choix des personnages, ne doit pas freiner la curiosité des adultes : à mon âge j'ai pris beaucoup de plaisir à m'y plonger, et je l'ai passé à ma mère (qui en ce moment a besoin de lire du beau), qui l'a elle-même recommandé à mon père, qui s'y met aussi (il ne le regrettera pas).
Si vous allez sur une présentation de l'ouvrage, vous verrez qu'il s'agit de se mettre dans les pas de Violette, une jeune femme qui erre, au départ seule, dans une steppe plutôt hostile. Elle rencontre un ourson orphelin, Têtard, le sauve en l'emmenant avec elle dans son périple. Au cours de ses parcimonieuses mais indispensables rencontres, elle entend parler d'une "oasis" et ses promesses d'harmonie : chimère ou réalité ?
L'écriture de Corinne Morel Darleux est alerte, précise et épurée. Elle nous emporte avec ses personnages haut en couleurs (y compris même les moins sympathiques, la radicalité n'excluant pas la nuance). L'imagination est au rendez-vous (je n'ai pas écrit au "pouvoir"), foisonnante. Et la lecture se révèle riche de petits plaisirs inattendus. Y compris temporairement à contre-sens, pour ma part : je me suis surpris à me projeter, un peu, dans Têtard, un instant, avant de m'apercevoir quelques pages plus loin combien il était important de ne pas l'anthropomorphiser, et de le respecter en tant qu'ours (l'autrice ne le fait d'ailleurs jamais parler), bien qu'en partie éduqué avec des humains.
Pour autant, il ne s'agit pas uniquement d'imagination. On découvre, subtilement distillées ici ou là, des réflexions déjà conduites auparavant par l'autrice. Mais également des éléments beaucoup plus personnels : c'est sans doute commun à la majorité des écrivains et écrivaines, mais c'est un courage qui me touche particulièrement (un peu comme celui "des oiseaux qui chantent dans le vent glacé", comme disait la chanson).
La dernière partie du livre confirme cet ancrage du récit. Corinne Morel Darleux nous donne à voir le making of de ce que l'on vient de lire, ce qui est assez singulier, et pourtant partie intégrante de la démarche. Dans une partie savoureusement intitulée "Tout est vrai", l'autrice nous détaille le fruit de ses nombreuses recherches et documentations dans lesquelles elle a puisé son inspiration, et ce n'est pas le moindre intérêt de l'ouvrage.
Alors, en définitive, si cette petite recension absolument pas exhaustive aiguise votre curiosité, laissez-vous tenter par une lecture qui joint à mes yeux fort bien l'utile à l'agréable...
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Créée
le 26 nov. 2021
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