Une nouvelle enquête démarre sur les chapeaux de roues avec Manuel Del Ameida capitaine à la brigade criminelle et la nouvelle recrue Esperanza Doloria. En parallèle plusieurs enquêtes viennent se télescoper, sans que l’une ne prenne l’ascendant sur l’autre. Elles se croisent, filent dans la même direction, tout en demeurant distinctes. C’est là que réside la grande force de narration de l’auteur.
L’enquête principale aux ramifications insoupçonnables, se révèle beaucoup plus tordue qu’il n’y paraît. Rien n’est simple au royaume des démons, car le pire se trouve en chaque personnage. La construction des personnalités est fine, savamment dosée, avec la part sombre qui surgit lorsque cela doit l’être.
C’est incroyable de précision, de densité, doublé d’une construction narrative qui m’a franchement bluffée.
Je suis une fana de thriller, même si je sors régulièrement de ma zone de confort, mais là, je peux dire que j’ai vraiment kiffé ma lecture. L’intrigue est prenante, et cela, dès les premières lignes, jusqu’au point final où l’on retient son souffle pour essayer de grappiller quelques secondes de répit, avant d’amorcer une descente en douceur pour digérer.
J’ai aimé l’alternance des chapitres, entre Esperanza, Manny et Cristian, avec leur regard sur des instants identiques, permettant de déceler les personnalités écorchées par la vie, mais ne dévoilant les indices qu’avec parcimonie, pour permettre une montée du suspense pour exploser sur un final très bien construit.
Les souffrances des uns et des autres, ne sont jamais des excuses, mais chaque personnage en tire une force, comme une résilience indispensable pour continuer à vivre et à construire du beau sur du terreau infertile. Les personnages sont palpables, vrais, ils nous ressemblent et c’est la grande force de l’auteur, car il a réussi à dégager une psychologie fine pour chacun.
La suite, paraît le 24 mars avec « Au royaume des cris » et je vous en parle justement le jour de sa sortie. J’ai pu lire les deux opus à la suite et j’ai adoré…
L’homme est un démon en puissance et Mathieu Lecerf, avec cette intrigue aux ramifications insoupçonnables, aux confins de la folie, nous démontre que le mal à l’état pur se révèle, dans toute sa splendeur, être tapi en chacun d’entre nous.