Le mouvement Réaliste, mouvement à la fois artistique et littéraire est né en France à la fin du XIXème siècle. Face au monde qui l’entoure, l’artiste cherche à représenter le plus fidèlement possible la réalité. Les romans se pourvoient ainsi d’un caractère moderne dans lesquels sont abordés les thèmes du travail, des désordres sociaux et des relations entre les hommes et les femmes.
Joseph Kessel s’inscrit dans ce mouvement. Né en 1898, cet homme était à la fois un aventurier, un aviateur, un résistant, un reporter et un romancier.
Nombre de ces reportages ont donné lieu à des romans fabuleux comme "Lion" par exemple.
C’est en tant que témoin de son temps qu’il a parcouru l’entre-deux guerres et nous en laissé des témoignages puissants.
Si La Passante du Sans-Souci ne s’inspire pas directement d’un reportage en particulier, ce roman est pourtant un puissant témoin de son époque.
Nous sommes en 1935, voilà trois ans que Hitler a pris le pouvoir en Allemagne, par la voie certes légale mais dans un climat de violence. L’Allemagne se ré-arme, s’allie avec d’autres puissances européennes telles l’Espagne et l’Italie. Alors que le monde se fait témoin passif des agressions hitlériennes, toute l’Europe risque de basculer d’un moment à un autre, et la France n’échappe pas à cela. Malgré la victoire présidentielle du socialiste Léon Blum, l’ombre de l’extrême-droite se fait de plus en plus pesante. Les Années Folles sont loin et la Grande Dépression a emporté avec elle toute cette profusion sociale, culturelle et artistique.
La Passante du Sans-Souci, c’est l’histoire d’hommes et de femmes à Paris, témoin malgré eux de cette période de violence et de souffrance dans les bas-fonds parisiens, qui voient peu à peu se rapprocher dangereusement la spectre de la guerre. Le lecteur suit un narrateur au grès de ses déplacements, de ses rencontres et de ses divagations.
Au final, ce livre est une fiction historique de son temps qui nous présente Paris, plus belle ville du monde, dévastée par les évènements, dont les aspects socio-politiques suintent à travers ses personnages. Il s'inscrit très clairement dans le registre reportage des bas-fonds parisiens teintés tout à la fois de frayeur, d'envie et de mystère.
Une très belle oeuvre à lire évidemment.