Écrit et édité au milieu du XXème siècle, La Peste appartient à une époque de suspicion envers la religion.
Les guerres et l’effondrement des grandes utopies ont fait naître des doutes dans l’esprit et la pensée des hommes. Ce roman qui porte le nom d’une des plus terribles maladies à laquelle l’humanité ait été confrontée retrace toutes l'épopée du combat de l’homme luttant contre l’absurdité de sa condition d’être humain mortel.
La Peste appartient au "cycle de la révolte", mais c'est peut être le plus grandiose du trio qui le compose. Il a a permis à son auteur l'obtention du prix des Critiques en 1947 et dix ans plus tard, le prix Nobel de la littérature pour un l'ensemble de son oeuvre.
À la fois roman et chronique, ce livre raconte, par l’intermédiaire d’un narrateur dont on ignore l’identité au début du texte, l’histoire de la ville d’Oran en proie à une peste fulgurante.
Mais au delà de la seule histoire d’une cité d’Algérie ravagée par une terrible épidémie, ce livre c’est aussi l’histoire d’une ville coupée du reste du monde, comme la France sous l’Occupation allemande. La peste devient ici l’allégorie du nazisme. Le fléau, quelque soit son nom, peste ou allemands, séparent les hommes. Dans La Peste, on retrouve comme en temps de guerre, les exilés, les héros ou même les lâches. C’est une histoire à la fois collective et personnelle que Camus nous raconte, c’est autant une expérience qu’un témoignage. Et finalement, au delà de la seule condamnation du nazisme et des hommes qui ont laissé faire, Camus a écrit une véritable diatribe contre toutes les tyrannies.
Bien qu’il fut un écrivain athée, Camus a rendu la religion presque omniprésente dans son texte. Elle fait partie des questions quant à l’homme et sa situation sur terre. Et même s'il est assez critique, il ne la condamne pas totalement, l’important que tout cela souligne, c’est que quelque ce soit le chemin que les hommes empruntent, l’objectif est bel et bien de servir l’humanité et de trouver la paix.
Ce roman nous permet donc de nous apprendre à mieux nous connaître nous même et les uns les autres, à mieux nous comporter, à mieux agir. La peste devient allégorie du mal, quelle qu’en soit sa forme, invasion militaire, obscurantisme religieux, asservissements, mais elle va permettre aux hommes de sortir de leur quotidien et de leurs certitudes pour leur apprendre l’importance de la vie.
Selon moi, il s'agit du meilleur roman d'Albert Camus, à lire et à relire sans modération.